Le chef de la police de Sierra Leone a déclaré mardi 12 décembre que l’ancien président Ernest Bai Koroma était un «suspect» dans l’organisation des événements du 26 novembre, qualifiés de «tentative de coup d’Etat» par le gouvernement.
«Au regard de la déclaration qu’il a faite volontairement à la police, il fait partie des suspects», a souligné Fayia Sellu, répondant à une question du ministre de l’information Chernor A. Bah, lors d’une conférence de presse.
«L’inspecteur général de la police a confirmé que l’ex-président Ernest Bai Koroma est un suspect dans le cadre des enquêtes en cours» sur la tentative de coup d’Etat du 26 novembre, a ensuite indiqué le gouvernement dans un message sur les réseaux sociaux.
Vingt et un morts
M. Koroma, qui a dirigé la Sierra Leone de 2007 à 2018, a été interrogé mardi pour la quatrième fois par la police de Freetown. Le gouvernement avait annoncé samedi qu’il avait été placé sous un régime s’assimilant à l’assignation à résidence.
D’anciens gardes de M. Koroma sont, selon les autorités sierra-léonaises, soupçonnés d’avoir participé aux troubles du 26 novembre. Elles ont publié une nouvelle liste de 54 personnes recherchées, dont la fille de l’ancien président Koroma, en lien avec ces événements.
Selon le ministre de l’information, les forces de sécurité ont également récupéré 29 des 47 fusils d’assaut et 5 des 7 lance-roquettes des putschistes présumés. Aux premières heures du 26 novembre, des hommes avaient attaqué une armurerie militaire, deux casernes, deux prisons et deux postes de police.
Les combats ont fait 21 morts, 18 membres des services de sécurité et 3 assaillants, selon le ministre de l’information. Quatre-vingts personnes ont été arrêtées en lien avec ces événements, majoritairement des militaires, selon les autorités.
Un couvre-feu, instauré par les autorités de 21 heures à 6 heures (locales et GMT), est passé lundi de minuit à 6 heures, en raison de «l’amélioration de la situation sécuritaire», selon le gouvernement.
Par ailleurs, la justice a ordonné mercredi l’arrestation de Samura Kamara, responsable de l’opposition et deuxième de la présidentielle de juin, pour une affaire de corruption.
«La cour d’appel a ordonné l’arrestation immédiate de l’ancien candidat à la présidence du parti du Congrès de tout le peuple (APC), le docteur Samura M. W. Kamara» pour son implication présumée dans une transaction qui concerne la vente d’actions détenues par le gouvernement sierra-léonais d’une société minière en 2012, quand M. Kamara était ministre des finances du président Ernest Bai Koroma (2007-2018), a-t-elle indiqué dans un communiqué. Sollicité par l’AFP, l’avocat de M. Kamara n’était pas joignable dans l’immédiat.
Samura Kamara est arrivé deuxième de la présidentielle de juin 2023, remportée dès le premier tour par Julius Maada Bio, avec 41,16 % des voix. Il avait rejeté les résultats. L’APC a jugé que les élections présidentielle, législatives et locales ont été truquées, et a décidé de boycotter le Parlement et les conseils locaux.
Le gouvernement et l’APC ont finalement conclu un accord en octobre : l’APC a accepté de mettre fin à son boycott en échange de la fin des détentions et des affaires judiciaires motivées selon lui par des considérations politiques.
Depuis décembre 2021, Samura Kamara est poursuivi pour le détournement présumé de plus de 2,5 millions de dollars de fonds publics dans un projet de rénovation du consulat à New York à l’époque où il était chef de la diplomatie.
Avec AFP