C’est ce qu’a affirmé dans les médias russes ce vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Selon Moscou, l’expression d’«opération militaire spéciale» n’est plus adaptée face à la «participation» de «l’Occident collectif».
Ce n’est plus seulement une «opération militaire spéciale». La Russie est «en état de guerre» en Ukraine, a déclaré ce vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dans une interview au média russe aif.ru, cité par l’agence de presse russe Tass.
«Nous sommes en état de guerre. Oui, cela a commencé comme une opération militaire spéciale, mais dès que ce groupe s’est formé là-bas, lorsque l’Occident collectif y a participé aux côtés de l’Ukraine, pour nous, c’est déjà devenu une guerre. J’en suis convaincu. Et tout le monde doit le comprendre pour se mobiliser personnellement», a expliqué ce proche de Vladimir Poutine, tout juste réélu pour un cinquième mandat.
Le Kremlin a réprimé depuis deux ans à coups d’amendes et de peines de prison l’utilisation du mot «guerre», imposant l’euphémisme officiel d’«opération militaire spéciale». Plusieurs hauts responsables, au cours des deux années de conflit, ont déjà utilisé le mot «guerre» dans des déclarations publiques, mais toujours en référence à la guerre que mènerait l’Occident à la Russie via l’Ukraine et non s’agissant de l’assaut russe lui-même.
«frontière psychologique»
Interrogé par la presse sur le sort de ceux qui ont été condamnés pour avoir utilisé ce mot, Dmitri Peskov a laissé entendre qu’il ne fallait pas pour autant s’attendre à ce que l’emploi du terme dans un contexte critique de la Russie soit autorisé.
«Le mot ‘guerre’ est utilisé dans différents contextes. Comparez mon contexte avec le contexte des cas (de personnes condamnées) que vous citez», a-t-il dit. Sur Telegram, l’analyste russe Tatiana Stanovaïa a néanmoins estimé vendredi que l’emploi officiel du terme par le Kremlin illustrait le passage d’une «frontière psychologique» pour l’élite politique et la population.
Dans cette interview, il a également rappelé l’objectif du Kremlin de conquérir entièrement les quatre régions ukrainiennes (Kherson, Donetsk, Lougansk et Zaporijjia) dont Moscou revendique l’annexion depuis septembre 2022. «Nous avons quatre nouveaux sujets fédéraux. Et l’essentiel pour nous est de protéger les habitants de ces régions et de libérer le territoire de ces régions, qui est actuellement occupé de facto par le régime de Kiev», a estimé le porte-parole du Kremlin.
Kiev affirme que l’annexion par la Russie était un accaparement illégal de terres et qu’elle ne cessera pas tant que tous les soldats russes ne seront pas expulsés de son sol. Elle est également déterminée à récupérer la péninsule de Crimée, que la Russie lui a prise en 2014. Moscou, qui a investi massivement en Crimée, affirme que la péninsule fait partie de la Russie et que son statut est réglé une fois pour toutes.
Avec AFP