Au moins une douzaine de dissidents, dont des journalistes, activistes de la société civile, et membres de partis d’opposition, ont été «réquisitionnés» au Burkina Faso pour participer à la lutte antidjihadiste, dénonce Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué relayé par l’AFP.
Ces actions, entre le 4 et le 5 novembre, soulèvent des préoccupations quant à l’utilisation abusive du décret de «mobilisation générale» signé en avril par le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un coup d’État en septembre 2022.
Selon HRW, cette mesure d’urgence est exploitée par le régime militaire pour «réduire au silence la dissidence pacifique et punir ses détracteurs». Parmi les personnes visées figurent des membres du mouvement Balai citoyen, acteur clé de l’insurrection populaire ayant conduit à la chute de l’ancien président Blaise Compaoré en 2014.
La liste des dissidents «réquisitionnés» inclut des noms tels que Bassirou Badjo et Rasmane Zinaba du Balai citoyen, Daouda Diallo du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), Gabin Korbéogo de l’Organisation démocratique de la jeunesse du Burkina Faso (ODJ), ainsi que les journalistes Issaka Lingani et Yacouba Ladji Bama.
HRW souligne que cibler des individus ayant ouvertement critiqué la junte militaire viole les droits humains fondamentaux. Des inquiétudes persistent parmi les journalistes, certains craignant d’être réquisitionnés à leur tour. Ces actions ont déjà suscité l’indignation de plusieurs organisations de la société civile burkinabée, dont le Mouvement burkinabé des droits de l’homme et des peuples (MNDHP), la Confédération générale des travailleurs du Burkina (CGT-B), et Balai citoyen.
La répression sous le prétexte de la lutte antidjihadiste soulève des questions sur l’équilibre entre la sécurité nationale et le respect des droits fondamentaux au Burkina Faso, mettant en lumière les défis auxquels font face les voix dissidentes dans ce contexte politique complexe.
Avec AFP