L’attentat à la bombe ayant visé la synagogue de la rue Copernic avait fait quatre morts et des dizaines de blessés le 3 octobre 1980.
Quarante-trois ans après l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic à Paris, la cour d’assises spéciale a condamné l’unique accusé, le Libano-Canadien Hassan Diab, a la réclusion criminelle à perpétuité.
Ce dernier, qui était absent, proteste de son innocence. L’accusation avait requis cette peine maximale, la seule «envisageable» à l’encontre de l’universitaire de 69 ans, estimant qu’il était, «sans aucun doute possible», l’auteur de cet attentat antisémite, qui a fait quatre morts il y a près de 43 ans. La défense avait plaidé l’acquittement.
Hassan Diab était le seul mis en cause pour l’attentat à la bombe ayant visé la synagogue de la rue Copernic et fait quatre morts et des dizaines de blessés le 3 octobre 1980.
Le dossier s’appuyait essentiellement sur des renseignements, qui ont attribué dès les années 1980 l’attentat – qui n’a pas été revendiqué – au Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS), un groupe dissident du FPLP.
Après une longue mise en sommeil de l’instruction, de nouveaux renseignements désignaient en 1999 les membres présumés du commando, dont Hassan Diab comme celui ayant confectionné la bombe et l’ayant abandonnée devant la synagogue.
De cet insaisissable accusé, dont la chaise est demeurée vide dans le prétoire, la cour n’aura vu que des photos en noir et blanc à divers âges de sa vie, les confrontant avec les portraits-robots de l’homme qui avait acheté la moto utilisée pour l’attentat, dessinés par des témoins en 1980.
Passeport
Défense et accusation auront surtout bataillé autour d’une autre photographie, celle de piètre qualité du passeport d’Hassan Diab, au cœur de l’accusation.
Ce passeport, comportant à des dates entourant l’attentat des tampons d’entrée et de sortie d’Espagne, pays d’où serait parti le commando selon les renseignements, avait été saisi en 1981 à Rome sur un membre présumé du FPLP-OS. Son existence n’avait été révélée que dix-huit ans après les faits.
Pour le parquet national antiterroriste, cet «élément extrêmement incriminant» et les «alibis qui ne tiennent pas» d’Hassan Diab au sujet de son passeport ont «fini d’emporter la conviction de sa culpabilité».
La défense avait rétorqué qu’«aucun élément matériel, aucune preuve» ne permettait «d’affirmer» que l’ancien étudiant de sociologie était en France au moment des faits.
Hassan Diab a toujours assuré qu’il passait alors ses examens à l’université de Beyrouth et ne pouvait avoir utilisé ce passeport, qu’il disait avoir perdu.
Après avoir auditionné d’anciens camarades de faculté et l’ex-compagne d’Hassan Diab, deux juges d’instruction avaient considéré comme «vraisemblable» sa présence au Liban lors de l’attentat et ordonné un non-lieu en janvier 2018. Remis en liberté, il était reparti au Canada.
Cette décision motivée par des «doutes» sur sa culpabilité et défendue à la barre de la cour d’assises spéciale par deux juges d’expérience, avait été infirmée trois ans plus tard par la cour d’appel, qui avait ordonné la tenue de ce procès.
L’audience aura permis de «libérer la parole» d’une poignée des 320 fidèles présents dans la synagogue quand la bombe a explosé dans la rue à l’extérieur, nouvellement constituée partie civile après quatre décennies d’un «mutisme contraint», avait relevé un avocat de victimes, Me David Père.
Elles «ne sont pas mues par un esprit de vengeance et ne cherchent pas particulièrement un coupable, une tête que l’on voudrait promener au bout d’une pique, (…) elles veulent que justice passe», avait-il assuré.
Avec AFP