Deux employés de l’ambassade russe à Kaboul ont été tués et plusieurs personnes blessées lundi dans un attentat suicide aux abords du bâtiment, première attaque contre une représentation diplomatique en Afghanistan depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021.
«À 10h50 heures locales (06H20 GMT), à proximité immédiate de l’ambassade russe à Kaboul, un combattant non identifié a déclenché un engin explosif. Deux employés de la mission diplomatique ont été tués dans l’attaque», a indiqué la diplomatie russe dans un communiqué, faisant également état de «blessés parmi des ressortissants afghans».
Le porte-parole du ministère afghan de l’Intérieur, Abdul Nafy Takor, a déclaré à l’AFP qu’un kamikaze avait été abattu par des gardes talibans à l’ambassade de Russie «avant d’avoir pu atteindre sa cible». «Un civil afghan a été tué et plusieurs autres ont été blessés», a-t-il déclaré.
Comme lors des récentes attaques que les talibans ont tenté de minimiser, un important dispositif de sécurité a rapidement bouclé la zone et empêché les médias de filmer à proximité. Aucun groupe n’a pour l’instant revendiqué l’attaque de l’ambassade.
«On parle là d’un attentat terroriste. C’est inacceptable», a rapidement condamné le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Plus tôt dans la journée, l’agence de presse russe Ria-Novosti, citant une source anonyme, avait affirmé qu‘«entre 15 et 20 personnes ont été tuées ou blessées par l’explosion».
La déflagration a eu lieu au moment où un diplomate russe sortait d’un bâtiment de la représentation diplomatique pour annoncer le nom des personnes pouvant faire une demande de visa, selon cette même source. Le ministère russe des Affaires étrangères a indiqué que l’ambassade russe était «en contact étroit avec les services de sécurité afghans, qui ont entamé une enquête».
Communautés minoritaires
La Russie est l’un des rares pays à avoir maintenu son ambassade ouverte après la reprise du pouvoir par les talibans en août 2021, sans toutefois avoir reconnu leur gouvernement.
La violence a largement diminué depuis le retour au pouvoir des talibans l’année dernière, mais plusieurs attentats à la bombe – dont certains visaient des communautés minoritaires – ont secoué le pays ces derniers mois, dont beaucoup ont été revendiqués par le groupe djihadiste État islamique (EI). Les responsables gouvernementaux ont régulièrement tenté de minimiser ce type d’incidents.
Vendredi 2 septembre, une énorme explosion a secoué l’une des plus grandes mosquées d’Hérat, dans l’ouest de l’Afghanistan, tuant 18 personnes dont son influent imam, Mujib ur Rahman Ansari.
L’imam, qui avait appelé à la décapitation de ceux qui commettraient le moindre «acte» contre le gouvernement, est le deuxième religieux pro-taliban à être tué dans une explosion en moins d’un mois, après l’attentat suicide du 11 août visant Rahimullah Haqqani dans sa madrassa à Kaboul.
Plusieurs mosquées du pays ont été prises pour cible cette année, certaines dans des attaques revendiquées par l’EI. Le 17 août, au moins 21 personnes ont été tuées et des dizaines blessées lorsqu’une explosion a frappé une mosquée pleine de fidèles à Kaboul.
Une série d’attentats à la bombe a surtout frappé le pays fin avril, pendant le mois sacré de ramadan, et fin mai, dans lesquels des dizaines de personnes ont trouvé la mort. L’EI a principalement visé des communautés minoritaires telles que les chiites, les soufis et les sikhs, mais s’en est aussi pris aux talibans.
Les responsables talibans assurent régulièrement qu’ils maîtrisent la sécurité dans le pays. Les spécialistes considèrent pourtant que l’EI, un autre groupe sunnite mais avec lequel ils entretiennent une profonde inimitié et des divergences idéologiques, reste la principale menace à leur régime.
Avec AFP