Les deux chefs d’État sont réunis sur l’archipel caribéen de Saint-Vincent-et-les-Grenadines pour discuter du différend territorial autour de l’Essequibo, qui empoisonne leurs relations depuis septembre.
Les présidents du Venezuela et du Guyana sont réunis depuis 18h00 GMT sur l’archipel caribéen de Saint-Vincent-et-les-Grenadines pour discuter et tenter d’apaiser les tensions à propos du différend territorial autour de l’Essequibo qui oppose de longue date leurs deux pays.
Dans une courte vidéo diffusée par le ministère de la communication vénézuélien, le président Nicolas Maduro s’installe face au président Irfaan Ali à une table présidée par le premier ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Ralph Gonsalves, président tournant de la Communauté des Etats latino-américains et des Caraïbes (CELAC).
«Je suis venu chercher des solutions efficaces par la seule voie qui existe, celle du dialogue et de la négociation», avait plus tôt déclaré à sa sortie de l’avion Nicolas Maduro.
«J’apporte les faits avec moi», a quant à lui déclaré le président guyanien Irfaan Ali, cité par les médias de son pays.
La tension monte depuis le lancement en septembre d’appels d’offres pétroliers par le Guyana puis le référendum organisé en réaction le 3 décembre au Venezuela sur un rattachement de l’Essequibo, territoire de 160.000 km2, riche en pétrole et ressources naturelles, administré par Georgetown et revendiqué par Caracas.
«Désamorcer les tensions»
Plusieurs observateurs estiment que la rencontre, organisée sous l’égide de la CELAC et de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), peut aider à faire baisser la pression mais ne devrait pas déboucher sur de grandes décisions.
Sadio Garavini di Turno, ancien ambassadeur vénézuélien au Guyana, a dit à l’AFP s’attendre au mieux à un communiqué commun dans lequel les deux parties s’engageraient à «poursuivre les discussions pour désamorcer les tensions».
«Je viens avec un mandat du peuple vénézuélien, avec une parole de dialogue, avec une parole de paix, mais pour défendre nos droits», a souligné Nicolas Maduro, qui ne reconnait pas la compétence la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction de l’ONU, saisie par le Guyana.
Nicolas Maduro veut négocier avec le Guyana alors que ce dernier, qui a aussi saisi le conseil de sécurité de l’ONU, estime que la CIJ est la seule solution. Le Venezuela soutient que le fleuve Essequibo devrait être la frontière naturelle, comme en 1777 à l’époque de l’empire espagnol.
Caracas estime que le Royaume-Uni s’est octroyé des terres vénézuéliennes au 19e siècle et que l’accord de Genève signé en 1966 – avant l’indépendance du Guyana – jette les bases d’un règlement négocié qui doit se poursuivre.
Le Guyana estime que la frontière entre les deux pays date de l’époque coloniale anglaise et que celle-ci a été entérinée en 1899 par une Cour d’arbitrage à Paris.
C’est cette frontière qui est actuellement en vigueur. Quelque 125.000 personnes, soit un cinquième de la population du Guyana, vivent dans ce territoire couvrant les deux tiers de sa superficie.
«Nous allons à Saint-Vincent avec de grandes attentes et un grand désir de paix, de conciliation», a déclaré lundi le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Yvan Gil, évoquant d’éventuelles «formules» de «coopération en matière de pétrole et de gaz».
Il a souligné que le Venezuela a travaillé «avec tous les gouvernements du Guyana jusqu’en 2015», année de la découverte par le géant américain ExxonMobil de vastes gisements de pétrole dans le territoire contesté.
Les récents appels d’offres du Guyana ont ravivé ce vieux conflit territorial qui suscite l’inquiétude en Amérique du Sud. Un conseiller du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, Celso Amorim, participera à la réunion.
Le Brésil a renforcé sa présence militaire à ses frontières avec les deux pays et exhorté samedi Nicolas Maduro à s’abstenir de «mesures unilatérales».
Les Etats-Unis ont affirmé leur «soutien inébranlable à la souveraineté du Guyana». Des exercices aériens ont été menés la semaine dernière.
Avec AFP