Le mardi 7 novembre, la ville de Kidal au Mali a été le théâtre de tragiques événements, alors qu’au moins six personnes, dont des enfants, ont perdu la vie dans des frappes aériennes. Les témoins et les résidents attribuent ces attaques à l’armée malienne, ravivant ainsi les tensions dans cette région, qui est depuis longtemps un enjeu crucial de souveraineté entre l’État malien et la rébellion à dominante touareg.
Un agent de santé, qui a préféré rester anonyme, a déclaré : «Il y a eu plusieurs frappes ce matin. On dénombre six morts, dont trois enfants.» D’autres rapports font état d’un bilan humain encore plus lourd, avec douze morts signalés par Almou Ag Mohamed, porte-parole de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), une alliance de groupes séparatistes dominée par les Touareg, dont quatre enfants, victimes de trois frappes distinctes, selon l’AFP.
Bien que les détails précis sur les frappes aériennes restent flous, certains témoignages évoquent l’utilisation de drones, un équipement dont dispose l’armée malienne. À ce stade, aucune réaction officielle n’a été émise par les autorités maliennes. Il est à noter qu’au moins l’une de ces attaques a touché le camp qui était récemment occupé par la mission de l’ONU, la Minusma.
Kidal, sous le contrôle de la rébellion, a été le théâtre de récents affrontements, rompant l’accord de paix conclu avec le gouvernement en 2015. Cette insoumission de la région de Kidal, où l’armée malienne avait subi des revers humiliants entre 2012 et 2014, constitue un motif persistant d’irritation à Bamako.
La situation s’est envenimée depuis août dans le nord du Mali, en proie à la propagation djihadiste et à une crise multidimensionnelle depuis 2012. Le retrait en cours de la Minusma a entraîné une course pour le contrôle du territoire. Les séparatistes s’opposent à ce que la Minusma remette les camps aux autorités maliennes, en contradiction avec les accords de 2014 et 2015 qui avaient mis fin aux hostilités après la rébellion de 2012.
Anticipant le départ de la Minusma, un important convoi de l’armée a quitté Gao en direction de Kidal le 2 octobre. Cependant, la mission de l’ONU, contrainte par la dégradation de la sécurité, a accéléré son retrait, provoquant la frustration de la junte au pouvoir à Bamako. La semaine dernière, la rébellion séparatiste a immédiatement pris le contrôle du camp de Kidal, surpassant ainsi l’armée malienne. Les colonels qui ont pris le pouvoir en 2020 ont fait de la restauration de la souveraineté territoriale leur priorité.
La Minusma, qui comptait environ 15 000 soldats et policiers, a perdu plus de 180 membres dans des actes hostiles. Son retrait du Mali est prévu d’ici le 31 décembre. Depuis juillet, près de 6 000 membres du personnel civil et en uniforme ont été rapatriés. La situation demeure extrêmement préoccupante dans cette région troublée, appelant à une action concertée pour restaurer la paix et la stabilité.