Ce vendredi 8 décembre, Vladimir Poutine a annoncé briguer un cinquième mandat à la tête de la Russie.
Le président russe Vladimir Poutine a annoncé vendredi en marge d’une cérémonie de remises de décoration au Kremlin qu’il se présentera à la présidentielle du mois de mars 2024, ont rapporté les trois grandes agences de presse russe. «Je vais me présenter à la présidentielle», a confirmé l’intéressé peu de temps après.
«il n’y a pas d’autre choix possible»
À 71 ans, le dirigeant russe a le droit, grâce à une réforme constitutionnelle en 2020, de se présenter en 2024, puis en 2030, rendant théoriquement possible son maintien au pouvoir jusqu’en 2036, quand il aura 84 ans.
«À une autre époque, j’ai eu d’autres pensées concernant cette question. Mais je comprends qu’aujourd’hui il n’y a pas d’autre choix possible. Je vais donc me présenter au poste de président de la Russie», a déclaré l’intéressé.
L’actuel président russe s’exprimait au Kremlin, selon des images diffusées par la télévision d’État, et répondait à une question posée lors d’un échange avec plusieurs personnes, dont des combattants, venant de recevoir des décorations officielles. Il a estimé que «le temps de prendre une décision (était) venu», selon un autre extrait de l’échange diffusé à la télévision.
Valentina Matvienko, la présidente de la chambre haute du Parlement, a rapidement réagi sur Telegram : «Notre président n’a jamais fui et ne fuira jamais ses responsabilités. Aujourd’hui, il l’a de nouveau prouvé».
Aucun concurrent en perspective
Comme l’annonçait le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov le 17 octobre dernier, «Vladimir Poutine n’avait aucun concurrent crédible». Aucun détracteur du Kremlin ne devrait être en mesure de se présenter au scrutin, alors que les autorités répriment depuis des années l’opposition.
Cette répression s’est accélérée avec l’offensive en Ukraine. La quasi-totalité des opposants d’envergure, à l’exemple du militant anticorruption Alexeï Navalny, ont été jetés en prison ou poussés à l’exil et toute critique de l’assaut contre l’Ukraine est sévèrement réprimée.
Le scrutin se tiendra le 17 mars, peu après le deuxième anniversaire du lancement de l’offensive en Ukraine, toujours en cours, et à la veille du dixième anniversaire de l’annexion par la Russie, en 2014, d’un premier territoire ukrainien, la péninsule de Crimée.
La Commission électorale russe a annoncé vendredi qu’il se tiendra sur trois jours, du 15 au 17 mars, une pratique instaurée pendant la pandémie de Covid-19, mais dénoncée par l’opposition comme un moyen de faciliter les fraudes.
Après une année 2022 marquée par des revers sur le front et une volée de sanctions occidentales, Vladimir Poutine apparaît fin 2023 en meilleure posture avec l’échec de la contre-offensive lancée cet été par l’Ukraine, l’effritement du soutien européen et américain à Kiev et le redressement de l’économie nationale.
Un long parcours politique
Désigné premier ministre, puis succédant à Boris Eltsine après sa démission le 31 décembre 1999, Vladimir Poutine a progressivement mis au pas le pays, en démontant les acquis démocratiques des années 1990 et prônant une politique de puissance nostalgique de l’URSS et de plus en plus conservatrice.
Il a lancé ou soutenu quatre guerres depuis son arrivée au pouvoir : la seconde guerre de Tchétchénie (1999-2009), l’invasion de la Géorgie (2008), l’intervention en Syrie (2015) et les attaques contre l’Ukraine d’abord en 2014 puis en 2022.
Président de 2000 à 2008 et l’est de nouveau depuis 2012. Touché par la limite de mandat, il avait cédé le Kremlin de 2008 à 2012 à un allié, Dmitri Medvedev, mais était resté en tant que premier ministre l’homme fort de la Russie.
Le travail des médias lors de ce scrutin sera compliqué par un durcissement des conditions de couverture décidé par les autorités en novembre.
Les journalistes indépendants, les blogueurs et les employés de médias russes travaillant depuis l’étranger ne devraient par exemple pas avoir accès au vote ou aux dépouillements. L’élection se déroulera également dans les régions ukrainiennes occupées par la Russie, où la loi martiale est actuellement en vigueur.
Avec AFP