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Un étudiant torturé pour son code de carte bancaire : trois jeunes jugés à Beauvais
Des coups par dizaines, des vêtements arrachés, une clé enfoncée dans les yeux : deux hommes et une femme sont jugés depuis lundi devant les assises de l’Oise pour avoir torturé un étudiant à qui ils voulaient extorquer son code de carte bancaire.
La victime, un étudiant parisien de 25 ans originaire des Yvelines, avait été retrouvée grièvement blessé le 19 avril 2017 au petit matin, dans un champ près des étangs de Boran-sur-Oise (Oise). Laissé pour mort entièrement nu par -4 degrés, il était en état d’hypothermie.
Quelques heures plus tôt, il avait rencontré les accusés (ainsi qu’un mineur qui sera jugé plus tard), à bord de leur véhicule, après une soirée à Paris.
Il leur avait demandé de le ramener chez lui. Les quatre jeunes s’en étaient alors violemment pris à lui, pour dérober ses biens et lui faire avouer son code de carte bleue.
Les mis en cause – deux hommes de 23 ans au moment des faits, une jeune femme alors âgée de 17 ans et un autre de 14 ans – sont jugés pour violences, extorsion, torture et actes de barbarie, séquestration et vol. Ils ont été retrouvés grâce à la téléphonie. Leur Audi A3 a également été filmée par des caméras de vidéosurveillance.
«Ça a dégénéré»
Selon certaines déclarations tenues en garde à vue, le conducteur et propriétaire du véhicule, Montassar H., est à l’initiative de l’agression, ce qu’il nie. À l’audience, K., le mineur soupçonné d’avoir participé, interrogé comme témoin, a plutôt chargé un comparse, Marvin T.
«C’est Montassar qui nous emmène. Il a dit qu’on allait le voler. Mais on ne devait pas le frapper. Mais Marvin était alcoolisé et il a commencé à le frapper. Et ça a dégénéré», raconte-t-il devant la cour.
La victime – présente à l’audience – donne alors un premier code, que Montassar H. teste à un distributeur automatique, accompagné d’Émilie D.
Mais «le code qu’il nous a donné était faux. Alors on a continué à le frapper pour qu’il nous donne le bon code. Ensuite, Émilie, petite amie de l’époque de Marvin, lui a demandé de se calmer car il avait tenté de lui crever les yeux avec une clé. J’ai frotté la clé dans la terre pour essayer d’enlever le sang», détaille K.
Les agresseurs déshabillent l’étudiant, tentent de lui brûler les sourcils et d’autres parties du corps à l’aide d’un briquet, ou encore de lui enfoncer une branche dans l’anus. Visiblement peu ému à l’évocation de ces violences, Marvin T. reconnaît les coups.
«Mais je ne me souviens pas de tout. J’avais bu, j’avais fumé du cannabis», assure-t-il. Montassar H., lui, nie les coups, confirmant seulement avoir tenté de récupérer de l’argent. Le verdict est prévu pour vendredi 1er octobre.
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Sénégal : Emmanuel Macron félicite Bassirou Diomaye Faye et se «réjouit de travailler avec lui»
Le président français, Emmanuel Macron, a félicité lundi 25 mars au soir Bassirou Diomaye Faye, candidat antisystème et vainqueur de l’élection présidentielle au Sénégal, et s’est réjoui de «travailler avec lui», dans un message sur le réseau social X.
«Félicitations à Bassirou Diomaye Faye pour son élection comme président de la République du Sénégal. Je lui adresse tous mes vœux de réussite et me réjouis de travailler avec lui», a écrit Emmanuel Macron.
Large vainqueur du scrutin tenu dimanche, Bassirou Diomaye Faye a assuré lundi que son pays resterait «l’allié sûr et fiable» de tous les partenaires étrangers «respectueux», lors de sa première apparition publique depuis l’annonce de son élection historique.
M. Faye, qui a eu 44 ans lundi, libéré de prison il y a dix jours seulement, s’est présenté comme le «choix de la rupture». Il va devenir le cinquième et plus jeune président de ce pays ouest-africain de 18 millions d’habitants après la reconnaissance lundi par son principal adversaire de son succès dès le premier tour de la présidentielle, qui s’apparente à un séisme politique.
La France, ancienne puissance coloniale du Sénégal et son premier partenaire politique et économique, espère maintenir avec lui des relations solides, alors qu’elle vient d’essuyer plusieurs revers dans la région. Elle a dû notamment rompre toute coopération militaire avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
Avec AFP
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Gabon : sept mois après le coup d’Etat, un dialogue national diversement apprécié
Sept mois après le coup d’Etat ayant mis fin à cinquante-cinq ans de «dynastie Bongo» au Gabon, le président de transition Brice Oligui Nguema tiendra promesse mardi 2 avril avec un dialogue national inclusif (DNI) d’un mois, censé préparer des élections en 2025.
Le respect jusqu’ici du calendrier d’une transition de deux ans est salué par la communauté internationale et une grande majorité de Gabonais, pour qui le général est un «héros» qui les a sauvés d’un régime «corrompu», mais des voix s’élèvent pour fustiger un dialogue «entre soi», qui pavera une voie royale au général Oligui vers la présidentielle.
Les appels à reporter et réorganiser cette «consultation de toutes les forces vives de la nation» sont quotidiens dans la frange de l’ancienne opposition qui n’a pas rallié le pouvoir militaire et dans la presse indépendante.
En cause, d’abord, une organisation «unilatérale» et la part belle, parmi les 580 participants, faite aux militaires et aux institutions nommées par le président depuis le coup d’Etat du 30 août 2023 : gouvernement, députés, sénateurs, «délégations spéciales» ayant remplacé conseils municipaux et départementaux, etc.
Les 580 participants ont été nommés par M. Oligui, dont 104 militaires. Et 199 des sièges «sont d’ores et déjà acquis» à l’autorité militaire, et «bien plus avec les délégations spéciales» – soit potentiellement près de 300 au total –, rappelait le média indépendant GabonReview.com dans un éditorial du 21 mars intitulé «DNI : une partie de bonneteau».
D’autant que l’opposition fustige le maintien, au sommet des institutions, de très nombreux caciques des régimes d’Omar Bongo, président pendant quarante et un ans, et de son fils Ali (plus de quatorze ans).
«Les mêmes qui ont souillé le pays hier»
Au cœur du PK 10, un quartier défavorisé de la capitale, Libreville, les commentaires sont enthousiastes ou désabusés. «Chacun va donner son avis, on a attendu ça longtemps», se réjouit Firmin, retraité de la gendarmerie. «On se demande si ça ne va pas faire chou blanc», dit en souriant Tristan Gelaz, 50 ans, pour qui «les acteurs de la transition sont les mêmes qui ont souillé le pays hier».
Pour le reste des 580 participants, le chef de l’Etat en a choisi un parmi quatre proposés par chacun des 104 partis légalement reconnus, dont une grande majorité a fait allégeance au général depuis le putsch.
«Ce n’est pas respectueux de la démocratie interne des partis», s’insurge Anges Kevin Nzigou, du Parti pour le changement (PLC), pour qui le pouvoir militaire «démontre sa volonté de contrôler de bout en bout le débat». «Il faut revoir les critères de participation, ils ne sont pas inclusifs», renchérit Lionel Giovanni Boulingui, du parti d’opposition Réagir.
«Organiser un dialogue et choisir qui vient, c’est un peu comme avoir défini ce qui va être dit», analyse Guy Pambo Mihindou, chercheur en sciences politiques à l’université de Libreville. M. Oligui a également nommé les 217 représentants de la société civile (patronat, syndicats, retraités, jeunes, ONG, cultes…).
«Dans l’opacité la plus totale»
Par ailleurs, l’absence d’informations sur la préparation et le déroulé des travaux inquiète l’opposition. «L’organisation du DNI se fait dans l’opacité la plus totale», dénonce Joachim Mbatchi Pambou, du Forum pour la défense de la République (FDR). Il en va ainsi de l’appel à contribution lancé en octobre 2023 jusqu’aux villages les plus reculés.
Le président a voulu que «tous les Gabonais» puissent s’exprimer, s’enorgueillit sa ministre de la réforme des institutions, Murielle Minkoué, qui revendique 38 000 doléances recueillies dans des guichets ou sur une plate-forme en ligne, parmi les 2 millions d’habitants de ce petit pays d’Afrique centrale riche en pétrole. Elles devaient être synthétisées pour servir de base aux travaux du DNI, mais, à quatre jours de son ouverture, aucune synthèse n’a été publiée.
Le dialogue national n’étant pas «souverain», ses résolutions ne seront pas contraignantes, estiment aussi ses détracteurs, notamment pour la nouvelle Constitution, promise à référendum à la fin de 2024.
Enfin, les griefs de l’opposition se concentrent sur l’avenir du chef de l’Etat : la charte de transition édictée par les militaires après le putsch interdit la présidentielle de 2025 à tous les cadres des institutions de transition, à l’exception… du président Oligui.
Pour l’opposition, cette disposition ne sera pas remise en cause par un DNI «phagocyté» par les thuriféraires du général, dont elle dénonce un début de «culte de la personnalité» et un boulevard tracé pour le scrutin de 2025.
Avec AFP