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Ukraine : Zelensky promet «tout le nécessaire» pour défendre Soledar et Bakhmout
Selon les analystes, la prise de Soledar permettrait à Moscou de brandir enfin une victoire militaire, après une série de revers humiliants.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a promis de fournir «tout le nécessaire» aux soldats qui résistent aux assauts russes à Soledar et Bakhmout, deux villes de l’est du pays que la Russie tente coûte que coûte de conquérir pour changer le cours de la guerre.
«Je veux souligner que les unités défendant ces villes seront approvisionnées avec des munitions et tout le nécessaire de manière rapide et ininterrompue», a lancé jeudi 13 janvier Volodymyr Zelensky sur Facebook à l’issue d’une réunion avec son état-major.
Combats «acharnés» et «violents»
Le Conseil de sécurité de l’ONU doit par ailleurs se rassembler vendredi à 20h00 heure de Paris pour discuter de la situation en Ukraine.
La situation à Soledar est depuis quelques jours «difficile» pour l’armée ukrainienne et «les combats les plus acharnés et les plus violents se poursuivent aujourd’hui», avait indiqué plus tôt la vice-ministre de la Défense, Ganna Maliar.
Autrefois connue pour ses mines de sel, Soledar est en effet située à 15 km au nord-est de la ville de Bakhmout que les forces russes cherchent à prendre depuis des mois.
Pour l’analyste militaire Anatoli Khramtchikhine, la prise de Soledar, petite ville d’environ 10.000 habitants avant guerre, aujourd’hui complètement détruite, permettrait à Moscou de brandir enfin une victoire militaire, après une série de revers humiliants.
«Toute victoire est importante, surtout parce qu’il n’y a pas eu de victoire depuis un moment», souligne-t-il. Andreï Baïevskiï, député séparatiste prorusse de la région de Donetsk, souligne de son côté que la prise de Soledar permettrait de «couper les lignes d’approvisionnement» ukrainiennes qui permettent de défendre Bakhmout.
Soledar «ouvre (aussi) des possibilités de tirs d’artillerie en direction de Sloviansk, Kramatorsk et Kostiantynivka» plus à l’ouest, a-t-il encore observé à la télévision russe.
Mercredi, le chef du groupe de mercenaires russes Wagner, Evguéni Prigojine, avait revendiqué la prise de Soledar, avant d’être rapidement contredit non seulement par Kiev, mais aussi par le ministère russe de la Défense avec lequel il entretient des relations de rivalité.
Jeudi, le Kremlin a toutefois salué «les actions héroïques» des hommes de Wagner en première ligne. «Il reste encore beaucoup de travail à faire», a par ailleurs relevé le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
«Nous tenons bon»
Sur une carte de l’est de l’Ukraine publiée jeudi par le ministère russe de la Défense, Soledar n’apparaissait pas sous contrôle de l’armée de Moscou. «Nous tenons bon», a martelé la vice-ministre Ganna Maliar, vantant «la résilience et l’héroïsme» des forces ukrainiennes.
Sans présenter de chiffres, elle a indiqué jeudi que les troupes russes qui combattent à Soledar «subissent de lourdes pertes (…) en essayant sans succès de percer notre défense».
Kiev n’a de son côté pas chiffré ses tués et blessés dans la zone, mais Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne, avait reconnu mercredi «des pertes significatives», dans un entretien avec l’AFP.
Un porte-parole de l’armée ukrainienne, Serguiï Tcherevaty, a affirmé à la télévision que les Russes «attaquaient constamment» à Soledar, relevant 91 tirs d’artillerie sur la ville ces dernières 24 heures.
Pénurie de médicaments
À Bakhmout, sous les bombes, le docteur Elena Moltchanova, 40 ans, continue tant bien que mal de prodiguer des soins aux milliers de civils, souvent âgés, qui sont restés dans la ville.
«Il n’y a pas assez de seringues et d’aiguilles à insuline. Les stocks de médicaments pour le cœur s’épuisent très rapidement», déplore-t-elle auprès de l’AFP.
Mais impossible pour elle de s’imaginer quitter la ville «tant qu’il y a des gens ici». Oleksiy Stepanov est venu pour le certificat de décès de son voisin de 83 ans, qui est mort chez lui. Ses fenêtres avaient été soufflées par les bombardements. «Les gens ont peur», dit-il.
À Melitopol, principale ville occupée de la région ukrainienne de Zaporijjia, «le nombre de touristes étrangers Russes, Bouriates, Ossètes, Kadyrovtsy – a dépassé le nombre de résidents locaux qui ont été contraints de rester sous l’occupation», a écrit tôt vendredi sur Telegram le maire de la ville, Ivan Fedorov.
«Les étrangers essaient tellement de prétendre qu’ils ont leur place ici qu’ils utilisent même des symboles ukrainiens», ils «occupent les maisons que la population locale», «se déguisent en civil» et «les militaires sont transportés dans des bus scolaires sur lesquels est inscrit le mot enfants», décrit-il.
La veille, Moscou avait procédé à un changement majeur dans sa hiérarchie militaire. Le général Valéri Guerassimov, qui est le chef de l’état-major des armées russes, a été nommé à la tête des troupes déployées en Ukraine, remplaçant le général Sergueï Sourovikine, qui n’aura dirigé les opérations que pendant à peine trois mois, marqués par la retraite de Kherson (sud), et qui devient son adjoint. Cette réorganisation a été justifiée par la Défense russe par «un élargissement de l’ampleur des missions à accomplir».
«De sérieuses offensives sont à venir»
«Vladimir Poutine n’a pas parlé de nouveaux objectifs», a pourtant précisé son porte-parole Dmitri Peskov jeudi. Mais les experts voient dans cette décision le signe d’une accélération de l’opération russe, face à une incapacité à l’emporter.
Une offensive est évoquée depuis plusieurs mois et l’hypothèse d’une nouvelle mobilisation n’est pas exclue, après une première vague en septembre de quelque 300.000 hommes.
Pour Mark Galeotti, du think-tank britannique Royal United Services Institute (RUSI), cette décision est la «confirmation, s’il en était besoin, que de sérieuses offensives sont à venir».
La Russie a par ailleurs libéré «à un poste-frontière entre la Pologne et la Russie» après des négociations «discrètes» jeudi un ancien marin de l’US Navy qu’elle détenait depuis avril dernier et avait condamné pour espionnage, a annoncé l’ex-diplomate américain Bill Richardson, spécialisé dans les missions délicates. La contrepartie n’a pas été précisée.
Avec AFP
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États-Unis : Donald Trump appelle l’Europe à se «bouger» sur l’Ukraine
L’ancien président américain Donald Trump, candidat à la Maison-Blanche, a appelé jeudi l’Europe à se «bouger» et à débloquer davantage de fonds pour l’Ukraine, en guerre avec la Russie.
«Comment se fait-il que les Etats-Unis aient engagé plus de 100 milliards de dollars dans la guerre en Ukraine, plus que l’Europe, alors qu’un océan nous sépare!», s’est-il exclamé sur son réseau, Truth Social.
Les États-Unis sont le principal soutien militaire de Kiev et le Congrès examine actuellement une nouvelle enveloppe de 61 milliards de dollars d’aide à l’Ukraine, très contestée par les élus les plus proches de Donald Trump.
«Bougez-vous l’Europe !»
Sans s’opposer directement au texte, l’ancien président a estimé ces derniers jours que les États-Unis devaient «arrêter de donner de l’argent sans espérer être remboursés». «Pourquoi l’Europe ne donne-t-elle pas plus d’argent pour aider l’Ukraine?», a écrit le républicain dans une publication sur son réseau jeudi. Et de lancer, en lettres capitales: «Bougez-vous l’Europe!».
Donald Trump a échangé sur la question avec le président polonais Andrzej Duda et le chef de la diplomatie britannique David Cameron, qui lui ont tous les deux rendu visite ces derniers jours.
Le milliardaire républicain avait déjà semé la panique en Europe lorsqu’il a menacé en février de ne plus garantir la protection des pays de l’Otan face à la Russie si ceux-ci ne payaient pas leur part.
Selon l’institut de recherche allemand Kiel Institute, l’aide européenne totale pour l’Ukraine dépasse l’aide américaine en montants engagés.
Avec AFP
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Mali : dissolution d’une coordination de partis et d’organisations critique à l’égard de la junte
Les autorités du Mali dominées par les militaires ont annoncé mercredi 17 avril la dissolution d’un mouvement critique à leur égard auquel elles reprochent «des agissements de nature à troubler l’ordre public et attentatoires à l’unité nationale», selon un communiqué du conseil des ministres.
«La coordination des organisations de L’Appel du 20 février pour sauver le Mali» est formée de partis et d’organisations de la société civile comme la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’influent imam Mahmoud Dicko (CMAS), dissoute elle aussi au début de mars.
Elle «s’illustre en permanence par des agissements ostentatoires de nature à troubler l’ordre public, à porter atteinte à la souveraineté de l’Etat et à l’unité nationale» et par conséquent «est dissoute», affirme le gouvernement dans le communiqué du conseil des ministres.
Les textes en vigueur au Mali imposent «des limites» à ne pas franchir, «notamment l’interdiction faite aux partis politiques de former des regroupements sous la forme d’association et aux associations d’adopter des agissements contraires aux principes de souveraineté nationale, de la démocratie, de l’intégrité du territoire national, de l’unité nationale et de la laïcité de l’Etat», souligne-t-il.
Un nouveau tour de vis
Pour Cheick Mohamed Chérif Koné, coordinateur général de L’Appel du 20 février, qui s’est exprimé sur les réseaux sociaux, «l’ordre public digne de respect est le seul ordre républicain, tout sauf le bon vouloir de quelques colonels en arme. C’est cet ordre que nous avons toujours défendu (…). Ces hostilités inédites, de plus en plus accrues contre les partis politiques et les associations, en désespoir de cause, seront vaines face à la détermination de notre peuple de vivre en démocratie et sous la forme républicaine de l’Etat».
La junte au Mali a opéré ces derniers jours un nouveau tour de vis se traduisant par la suspension des activités des partis et associations à caractère politique et l’interdiction faite aux médias de couvrir leurs activités. Ces restrictions surviennent après que les militaires ont manqué à leurs engagements d’organiser une élection présidentielle en février avant de céder la place.
Le Mali est en proie depuis 2012 à la propagation djihadiste et à une grave crise non seulement sécuritaire, mais aussi politique et humanitaire. Les colonels qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 ont opéré une réorientation stratégique, rompant la vieille alliance avec la France et se tournant militairement et politiquement vers la Russie.
Avec AFP