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Rwanda : mort dans des «circonstances suspectes» d’un journaliste critique du président Kagame
Un célèbre journaliste rwandais, critique du régime du président Paul Kagame, est mort mercredi dans un accident de la route, a annoncé vendredi 20 janvier son journal, l’ONG Human Rights Watch évoquant pour sa part des «circonstances suspectes».
John Williams Ntwali, 44 ans, rédacteur en chef du journal The Chronicles, a été tué mercredi lorsqu’un véhicule a percuté la moto sur laquelle il se trouvait en tant que passager.
Demande d’une enquête «rapide et efficace»
«Ntwali est décédé dans un accident le 18 janvier à 02h50 du matin à Kimihurura», une ville située à proximité de la capitale Kigali, a écrit The Chronicles sur Twitter. «Ntwali était le passager de la moto. Il est mort instantanément», a poursuivi le journal. Le conducteur du véhicule a été arrêté et placé en garde à vue, a annoncé la police à des médias locaux.
John Williams Ntwaku a souvent été «le seul journaliste qui a osé faire des reportages sur des questions de persécution et de répression politiques. Il rejoint une longue liste de personnes qui ont défié le gouvernement et sont mortes dans des circonstances suspectes», a écrit dans un communiqué Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale au sein de Human Rights Watch.
«Il existe de nombreuses raisons de remettre en question la théorie d’un accident de voiture et il est essentiel qu’une enquête rapide et efficace, s’appuyant sur une expertise internationale, soit menée pour déterminer s’il a été assassiné ou non», a poursuivi Lewis Mudge.
«Ntwali», comme beaucoup l’appelaient, avait été placé de nombreuses fois derrière les barreaux au cours de sa carrière – parfois pour quelques heures, parfois plusieurs semaines.
Il avait également fondé la chaîne Pax TV sur YouTube, diffusant majoritairement des interviews, en langue kinyarwanda, de voix dissidentes. Depuis la fin du génocide, qui en 1994 a fait au moins 800.000 morts principalement tutsi, le Rwanda est dirigé d’une main de fer par Paul Kagame.
Kagame critiqué pour sa répression de la liberté d’expression
Loué pour les succès de sa politique de développement, le président est également critiqué par les groupes de défense des droits humains pour sa répression de la liberté d’expression.
Le pays est classé au 136e rang sur 180 pays pour la liberté de la presse par Reporters sans Frontières (RSF). «Depuis 1996, huit professionnels ont été tués ou sont portés disparus, et 35 ont été contraints à l’exil», écrit notamment RSF sur son site internet.
Ces dix dernières années, les médias indépendants se sont raréfiés, bloqués par le pouvoir. Anjan Sundaram, qui a vécu au Rwanda et a écrit sur le rétrécissement de l’espace de liberté dans les médias du pays de la région des grands lacs, a déclaré que «Ntwali» était une cible.
«Il figurait sur une liste noire de journalistes rwandais critiques du gouvernement», a souligné Anjan Sundaram sur Twitter.
Avec AFP
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Gaza : l’ONU exige une enquête internationale sur des fosses communes
Lundi, la défense civile de la bande de Gaza a affirmé avoir exhumé en trois jours environ 200 corps de personnes tuées et enterrées par les forces israéliennes dans des fosses communes à l’intérieur de l’hôpital Nasser de Khan Younès.
L’ONU a réclamé mardi une enquête internationale sur les fosses communes découvertes dans les deux principaux hôpitaux de la bande de Gaza, soulignant la nécessité d’une enquête indépendante face au «climat d’impunité» actuel.
Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme s’est dit «horrifié» par la destruction du plus grand hôpital de Gaza, al-Shifa, et du deuxième plus grand établissement hospitalier du territoire palestinien, le complexe médical Nasser de Khan Younès.
Dans un communiqué, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, a demandé que des «enquêtes indépendantes, efficaces et transparentes soient menées». «Compte tenu du climat d’impunité qui prévaut, des enquêteurs internationaux devraient être associés à cette démarche», a-t-il estimé.
«Les hôpitaux ont droit à une protection très spéciale en vertu du droit humanitaire international», a-t-il indiqué. «Et tuer intentionnellement des civils, des détenus et d’autres personnes considérées “hors de combat” est un crime de guerre», a-t-il ajouté.
Lundi, la défense civile de la bande de Gaza a affirmé avoir exhumé en trois jours environ 200 corps de personnes tuées et enterrées par les forces israéliennes dans des fosses communes à l’intérieur de l’hôpital Nasser de Khan Younès.
Quant à l’hôpital d’al-Shifa, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait indiqué début avril qu’il avait été réduit à une «coquille vide» jonchée de dépouilles humaines par la dernière opération israélienne contre lui.
Des chiffres probablement «sous-estimé»
Les hôpitaux de la bande de Gaza ont été durement visés durant l’opération militaire que mène l’armée israélienne dans le territoire palestinien depuis l’attaque meurtrière perpétrée en Israël le 7 octobre par des combattants du Hamas venus de Gaza.
Selon Israël, le mouvement islamique palestinien a utilisé les hôpitaux afin de mener des attaques, cacher des tunnels et des armes. Le Hamas a démenti ces accusations. Selon des responsables à Gaza, 283 corps ont été retrouvés à l’hôpital Nasser, un chiffre que le Haut-Commissariat de l’ONU tente de vérifier.
«Les victimes auraient été enterrées profondément dans le sol et recouvertes de déchets», a déclaré lors d’un point de presse une porte-parole du Haut-Commissariat, Ravina Shamdasani, ajoutant que des personnes âgées, des femmes et des blessés figuraient parmi les morts. D’autres auraient été «retrouvés les mains liées et sans vêtement».
Elle a par ailleurs indiqué que le chiffre avancé par l’armée israélienne de quelque 200 personnes tuées lors du dernier assaut contre l’hôpital al-Shifa, entre le 18 mars et début avril, pouvait être «sous-estimé». À ce jour, a-t-elle dit, «nous ne pouvons pas corroborer les chiffres exacts» des personnes tuées dans les deux hôpitaux : «c’est la raison pour laquelle nous insistons sur la nécessité d’enquêtes internationales».
Avec AFP
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Sénégal : Bassirou Diomaye Faye plaide pour un partenariat «repensé» avec l’Europe
Le nouveau président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, investi le 2 avril, a plaidé pour un partenariat « rénové » avec l’Union européenne (UE) lors d’une déclaration conjointe avec le président du Conseil européen, Charles Michel, en visite au Sénégal lundi 22 avril.
Entre l’Europe et Dakar, «la coopération est dense et multiforme mais, ensemble, nous voulons un partenariat repensé» et «apte à soutenir la dynamique novatrice que nous voulons imprimer à nos relations», a affirmé le nouveau chef de l’Etat.
M. Faye avait promis dans son programme de rétablir une «souveraineté» qui a été bradée, selon lui, à l’étranger. Il souhaite notamment renégocier des contrats gaziers et pétroliers ainsi que les accords de pêche signés avec l’UE. Les pêcheurs sénégalais sont confrontés à une surexploitation des ressources halieutiques, alors que leur activité représente une part importante de l’économie de ce pays côtier.
«Un modèle économique endogène»
«Lorsqu’il y a le sentiment que des sujets doivent être abordés, on ne doit pas le redouter» pour «apporter des améliorations de part et d’autre», a déclaré M. Michel, en citant «la question de la pêche et des ressources halieutiques».
Le président sénégalais a expliqué que les priorités de son gouvernement «s’articulent autour d’un modèle économique endogène d’industrialisation avec comme rampe de lancement le secteur primaire – agriculture, élevage et pêche – mais aussi le renforcement des infrastructures économiques, telles que les chemins de fer, l’électrification, les télécommunications et le réseau routier». «Les investisseurs européens dont les entreprises ont des compétences avérées dans ces différents secteurs sont les bienvenus», a-t-il ajouté.
Avec AFP