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Pour Washington, la fuite du président afghan a fait capoter un accord de transition
La fuite du président afghan Ashraf Ghani, le 15 août, a précipité la victoire totale des talibans et fait capoter un accord, négocié par les Etats-Unis, pour une transition en douceur et une forme de partage du pouvoir, a déclaré l’émissaire américain pour l’Afghanistan.
Dans son premier entretien depuis l’effondrement du gouvernement pro-occidental, Zalmay Khalilzad a affirmé au Financial Times avoir obtenu le 14 août du mouvement islamiste un délai de deux semaines avant qu’il ne prenne Kaboul.
«A la toute fin, nous avions un accord avec les talibans pour qu’ils n’entrent pas dans Kaboul», a-t-il dit dans cette interview publiée mercredi par le quotidien britannique.
Selon ce plan, le président Ghani devait rester dans ses fonctions jusqu’à ce que les belligérants qui négociaient à Doha, au Qatar, parviennent à un accord sur un futur gouvernement. Entre-temps, les talibans devaient attendre aux portes de la capitale afghane.
«Dans ce contexte, avec le président Ghani en Afghanistan, à son poste, je pense qu’il y avait un espoir de voir un compromis négocié» pour une transition vers un nouveau gouvernement, «idéalement inclusif et représentatif du peuple afghan», a confirmé mercredi le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price.
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a dit mardi devant le Congrès avoir parlé, ce même 14 août, avec Ashraf Ghani et obtenu son «soutien» à ce «plan pour avoir un transfert du pouvoir» vers un gouvernement «dirigé par les talibans mais largement représentatif». Il a assuré que le président afghan ne lui avait donné aucune indication sur sa volonté de fuir.
Le lendemain, le 15 août, Ashraf Ghani partait soudainement pour l’étranger. Selon Zalmay Khalilzad et Ned Price, «le vide» laissé par sa fuite a précipité la prise de Kaboul par les insurgés, rendant encore plus instable la sécurité de la ville.
«Pas une option»
Dans une réunion qui s’est tenue ce jour-là à Doha entre le chef du commandement central de l’armée américaine, le général Kenneth McKenzie, et de hauts responsables des talibans, ces derniers ont demandé si les soldats des Etats-Unis étaient prêts à «assumer la responsabilité de la sécurité à Kaboul», a rapporté l’émissaire américain. «Et puis vous savez ce qui s’est passé, nous n’allions pas assumer cette responsabilité», a ajouté Zalmay Khalilzad.
Sa version semble laisser entendre que, contrairement à ce qu’affirme le gouvernement de Joe Biden, les talibans étaient prêts à ce que les militaires américains restent au moins temporairement sur place pour cette phase de transition.
Le gouvernement Biden a toujours assuré que rester au-delà de la date butoir qu’il avait fixée, le 31 août, aurait mis en danger les soldats américains, et que sa seule mission dans la dernière quinzaine d’août était d’évacuer les étrangers et Afghans qui voulaient partir.
«Maintenir l’ordre à Kaboul n’est pas une option que nous avons pris en considération» et «je ne pense pas que quiconque ici pense que cela aurait été viable», a répondu Ned Price.
«On nous a clairement laissé entendre que si les Etats-Unis tentaient de prolonger leur présence sur le terrain, nos militaires (…) auraient à nouveau été la cible de la violence des talibans, sans oublier les attaques terroristes de groupes» djihadistes comme l’Etat islamique, a-t-il insisté.
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La Pologne annonce mener une opération contre un réseau d’espionnage russe
Selon les services de contre-espionnage polonais, le réseau visé avait pour mission «d’affaiblir la position de la Pologne sur la scène internationale, de discréditer l’Ukraine et l’image des institutions de l’Union européenne».
Les services de contre-espionnage polonais ABW ont fait état jeudi d’une opération en cours visant un réseau d’espionnage russe et menée en coordination avec des services d’autres pays. «ABW agit dans le cadre d’une enquête sur des activités d’espionnage menées au nom de la Russie contre des Etats et des institutions de l’Union européenne», a écrit sur X le porte-parole des services spéciaux polonais, Jacek Dobrzynski.
Au cours de l’opération, ABW a effectué mercredi des perquisitions à Varsovie et à Tychy (Sud) et a «interrogé des personnes». L’opération est le fruit d’une coopération entre l’ABW et plusieurs services européens, notamment tchèque, Prague ayant annoncé une opération similaire mercredi. L’objectif du réseau visé par l’opération était «de réaliser les objectifs de politique étrangère du Kremlin, notamment d’affaiblir la position de la Pologne sur la scène internationale, de discréditer l’Ukraine et l’image des institutions de l’Union européenne», écrit ABW dans un communiqué. Ces objectifs devaient être réalisés via un site internet pro-russe «voice-of-europe.eu».
L’opération d’ABW est également le résultat d’une mise en état d’accusation en janvier d’un Polonais soupçonné d’espionnage pour le compte des services secrets russes, a encore indiqué ABW. «L’homme, infiltré parmi les parlementaires polonais et européens, a exécuté des tâches commandées et financées par des collaborateurs des services de renseignement russes», notamment des activités de propagande, désinformation et provocation politique, destinées à «bâtir des zones d’influence russes en Europe». L’identité de l’homme n’a pas été précisée.
Avec AFP
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«Discrimination capillaire» : les députés adoptent la proposition de loi
Le texte du député guadeloupéen Olivier Serva, qui vise à sanctionner la «discrimination capillaire», notamment au travail, a suscité des réserves quant à son utilité.
L’Assemblée nationale a voté jeudi en première lecture une proposition de loi visant à sanctionner la «discrimination capillaire», notamment au travail, malgré des réserves sur l’utilité de cette initiative. Le texte du député guadeloupéen Olivier Serva (groupe indépendant Liot) a été adopté par 44 voix contre 2, avant d’être transmis au Sénat où son avenir est incertain. Il vise notamment à empêcher des employeurs de contraindre leurs salariés à lisser leurs cheveux pour dissimuler leurs coupes afro, ou à cacher leurs tresses et dreadlocks.
«En France, la discrimination reposant sur l’apparence physique est déjà punie en théorie», a convenu le député Serva. «Mais de la théorie à la réalité il y a un gouffre», a-t-il souligné, en plaidant pour «clarifier» une «loi mal comprise ou mal appréhendée». Olivier Serva a évoqué «les femmes noires qui se sentent obligées de se lisser les cheveux» avant un entretien d’embauche, «les personnes rousses , victimes de nombreux préjugés négatifs», ou les «hommes chauves». Le gouvernement a porté un «regard bienveillant» sur le texte, s’en remettant à «la sagesse» des députés . Il a «le mérite de mettre en lumière ce type de discriminations», même si la loi permet «déjà de lutter» contre elles, a relevé la ministre à l’égalité femmes-hommes Aurore Bergé.
«Idéologie militante»
«Femme noire originaire de la République de Guinée», «je suis ici avec mes tresses, mes perruques», a décrit la députée macroniste Fanta Berete. «Quand je postulais à certains emplois, on m’a signifié que je devais me lisser mes cheveux», a-t-elle témoigné. Le texte est inspiré de législations en vigueur dans plusieurs Etats des Etats-Unis, notamment du «Crown Act» promulgué en 2019 en Californie contre la discrimination capillaire. La gauche a soutenu ce texte. C’est un problème «réel, sérieux et politique», qui «touche principalement les femmes» et les «personnes racisées», a souligné l’Insoumise Danièle Obono, dénonçant tout comme l’écologiste Sabrina Sebaihi un «racisme systémique».
Ce dernier terme a hérissé la droite. Dans le tumulte, le LR Xavier Breton a dénoncé une «idéologie militante», des «propos qui ne visent qu’à fracturer notre société». Il a combattu la proposition de loi, «du droit bavard», «une fuite en avant» vers une «liste de discriminations» au risque d’établir «une hiérarchie». À l’extrême droite, le RN Philippe Schreck a appelé à ne «pas moquer ou railler» cette proposition de loi, mais s’est interrogé. «Est-ce que nous nous occupons des problèmes quotidiens des Français», dans un pays «quasi en faillite» ? «Il serait bon rapidement de passer à autre chose», a-t-il réclamé.
Avec AFP