Société
Les talibans confrontés à une pénurie de billets
Les sociétés étrangères qui s’occupaient de l’impression des billets ne pourront plus le faire en raison des sanctions économiques américaines.
L’activité économique afghane va subir une sévère contraction et les talibans, déjà confrontés au gel des réserves du pays, devront composer avec un problème aussi prosaïque que l’impression des billets, a souligné vendredi l’ancien gouverneur de la banque centrale afghane.
«De manière évidente, l’accès aux dollars va être sévèrement restreint. Mais il y a aussi la question de la monnaie locale, l’afghani», a souligné Ajmal Ahmady, lors d’une conférence virtuelle organisée par le centre de réflexion américain Atlantic Council.
Car «nous n’avons pas d’imprimerie locale en Afghanistan». Il a expliqué que des contrats avaient été signés ou devaient être signés avec des entreprises spécialisées étrangères notamment polonaise et française.
Vers un afflux de monnaie pakistanaise
Une société polonaise devait ainsi expédier deux milliards d’afghanis à la fin août dernier. Une entreprise française devait, elle, produire «100 milliards d’afghanis supplémentaires» mais «elle n’a pas commencé à les produire», a-t-il détaillé.
En raison des sanctions économiques américaines, ces entreprises ne vont plus pouvoir imprimer de billets pour l’Afghanistan et il sera difficile pour les talibans de se tourner vers un autre pays, comme la Russie ou la Chine pour ces mêmes raisons. «Cela va donc être une nouvelle contrainte pour le régime des talibans», a commenté Ajmal Ahmady.
Il s’attend en revanche à ce que la monnaie pakistanaise, la roupie, qui circule déjà dans le pays, afflue. «Maintenant que le commerce a repris, ils acceptent les roupies. Cela pourrait être un moyen d’échange au cours des prochains mois et des prochaines années. On va donc assister au fil du temps à l’utilisation croissante de ces roupies pakistanaises en Afghanistan», a-t-il opiné.
S’agissant des ressources financières des talibans, l’ancien gouverneur, en exil aux États-Unis, souligne qu’on ne devrait pas les surévaluer: elles se comptent «en centaines de millions plutôt qu’autour de 1 à 1,5 milliard» de dollars.
Et si les talibans, qui contrôlent les ports, vont pouvoir taxer davantage les échanges commerciaux, ils vont au devant d’une grave crise économique. «L’économie va se contracter de 10 à 20%. Cela va être extrêmement difficile», a-t-il souligné.
Il en résultera des coupes budgétaires dans le secteur de la santé, de l’éducation, des suppressions d’emplois dans la fonction publique. «Ils ont des revenus suffisants pour diriger une insurrection, mais pas pour diriger un gouvernement», a-t-il conclu.
Le tableau est d’autant plus sombre que les talibans ont pris le pouvoir au moment où l’économie était déjà fragilisée par des décennies de conflits, la pandémie de Covid-19 et la sécheresse dans la région.
L’agriculture représente 20% du PIB mais le secteur emploie «la vaste majorité de la population», a souligné l’ancien gouverneur. Les talibans ont pris le contrôle du pouvoir le 16 août après avoir mis en déroute l’armée afghane, s’emparant en un temps éclair de la capitale, Kaboul.
Société
Afghanistan : 33 morts en trois jours dans des inondations
Au moins 33 personnes ont péri depuis vendredi dans des inondations et crues subites en Afghanistan, a annoncé dimanche un responsable du Département de la gestion des catastrophes naturelles. Une vingtaine des 34 provinces afghanes enregistre actuellement un niveau élevé de précipitations, y compris la province de Kaboul.
«D’après les premières informations, depuis vendredi, des crues subites ont provoqué de lourdes pertes humaines et financières», a déclaré le porte-parole Janan Sayeq. «Trente-trois personnes sont mortes et 27 ont été blessées». La plupart des décès sont imputables à la chute de toitures, a-t-il précisé.
Les précipitations ont par ailleurs entraîné la destruction totale ou partielle de près de 600 maisons et ont détruit 580 kilomètres de routes. Près de 800 hectares de terres agricoles ont été submergés et 200 têtes de bétail tuées, a ajouté le porte-parole.
Bouleversements climatiques
Ces inondations touchent quasiment toutes les régions en ce printemps, période traditionnelle de pluies en Afghanistan. Les prévisions pour la semaine à venir font état de davantage de pluies dans le pays, notamment dans les provinces de Kaboul ou de Ghazni (centre-est), Nangarhar (est) ou Kandahar (sud).
Quelque 60 personnes avaient été tuées après de fortes précipitations lors des trois dernières semaines de mars dans le pays. L’Afghanistan a connu un hiver très sec et est très touché par les bouleversements climatiques.
Selon les scientifiques, ce pays ravagé par quatre décennies de guerre et qui figure parmi les plus pauvres du monde, est aussi l’un des plus mal préparés pour faire face aux conséquences du changement climatique.
Avec AFP
Société
Brésil : 20 migrants haïtiens présumés retrouvés morts sur un bateau
Vingt corps qui seraient ceux de migrants haïtiens ont été retrouvés dans une embarcation sur un fleuve du nord du Brésil, dans un état de décomposition avancée et présentant des signes de déshydratation et de faim, a indiqué samedi la police.
Des pêcheurs ont alerté les autorités après avoir remarqué l’embarcation dérivant près de la ville de Braganca, sur la côte nord du Brésil, dans l’État du Para, a indiqué à l’AFP un porte-parole de la police fédérale, précisant que l’enquête devrait confirmer le nombre exact de victimes et leur identité.
«Selon la police civile et les experts médico-légaux, il y avait 20 corps. Le chef de la police fédérale de Braganca, Alexandre Calvinho, a dit qu’il s’agirait de réfugiés haïtiens», a indiqué la police dans un communiqué. Les victimes «seraient mortes de faim et de déshydratation, mais des analyses complémentaires sont nécessaires», est-il ajouté. Une enquête a été ouverte par le bureau du procureur.
«Ça fait beaucoup de cadavres»
Le site d’information G1 a publié une vidéo attribuée à l’un des pêcheurs, montrant un bateau en bois à la peinture bleu délavée flottant dans des eaux peu profondes et un homme dire: «Ça fait beaucoup de cadavres». Braganca est située à plus de 3500 km d’Haïti, en proie depuis plusieurs mois à une grave crise humanitaire et sécuritaire.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a alerté ce mois-ci que la situation provoquait un large exode. «Pour la plupart des Haïtiens, la perspective d’une migration régulière reste un obstacle insurmontable, laissant la migration irrégulière comme seul semblant d’espoir», a indiqué l’OIM ces derniers jours.
Selon l’OIM, quelques 360’000 haïtiens ont été déplacés à l’intérieur du pays, dont «un grand nombre à plusieurs reprises», et quelque 13’000 migrants illégaux ont été renvoyés de force en mars par les pays voisins.
Avec AFP