Société
France : Jean-Marie Le Pen jugé mercredi pour ses propos sur la «fournée» en 2014
L’ex-chef du parti d’extrême droite est renvoyé pour provocation à la haine antisémite et complicité de cette même infraction.
L’ancien président du Front National (devenu Rassemblement National), Jean-Marie Le Pen, doit être jugé mercredi 1er septembre à Paris pour ses propos sur la «fournée» en juin 2014, qui avaient provoqué un tollé et suscité des critiques de son propre parti.
Plus de sept ans après cette phrase polémique, l’ex-chef du parti d’extrême droite, 93 ans, est renvoyé pour provocation à la haine antisémite et complicité de cette même infraction. Il ne sera pas présent au tribunal, selon son entourage.
«Une faute politique» pour Marine le Pen
Coutumier des poursuites judiciaires, Jean-Marie Le Pen s’en était pris le 6 juin 2014, dans une vidéo de son «journal de bord» diffusée sur le site internet du FN, aux artistes engagés contre ce parti, comme Yannick Noah, Guy Bedos et Madonna.
Alors que son interlocutrice lui avançait le nom du chanteur Patrick Bruel, d’origine juive, il avait commenté dans un rire: «Ça ne m’étonne pas. Écoutez, on fera une fournée la prochaine fois!» Ces mots avaient déclenché une pluie de condamnations, y compris au sein du parti qu’il a cofondé en 1972 et dont il était président d’honneur.
«Ne pas avoir anticipé l’interprétation qui serait faite de cette formulation est une faute politique», avait déclaré sa fille Marine Le Pen, qui lui avait succédé à la présidence du parti en 2011. «C’est stupide politiquement et consternant», avait commenté le vice-président Louis Aliot.
La «faute politique», c’est de s’inscrire dans la «pensée unique», avait répliqué Jean-Marie Le Pen, qui avait soutenu que le terme de «fournée» n’avait «évidemment aucune connotation antisémite, sauf pour des ennemis politiques ou des imbéciles».
L’année suivante, après d’autres propos polémiques sur la Shoah, Jean-Marie Le Pen avait été exclu de la présidence du FN. Il avait ensuite conservé la présidence d’honneur du mouvement, de laquelle il a été déchu au congrès de mars 2018.
Sur le plan judiciaire, deux associations de lutte contre les discriminations avaient porté plainte contre lui ainsi que contre Jean-François Jalkh, vice-président du parti et directeur de publication du site internet.
Plusieurs associations parties civiles
Particulièrement longue, la procédure a notamment été retardée par le processus de retrait des immunités parlementaires des deux hommes, à l’époque députés européens. Jean-François Jalkh, jugé lui aussi pour provocation à la haine, ne devrait pas non plus être présent à l’audience mercredi.
«Quand il choisit délibérément et sciemment le mot ‘fournée’, Jean-Marie Le Pen fait incontestablement référence aux fours crématoires utilisés dans les camps d’extermination nazis», estiment auprès de l’AFP Marc et Julien Bensimhon, avocats du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA), pour qui ce procès ressurgit «à un moment (où) la parole antisémite s’est profondément libérée».
L’association sera partie civile au procès, aux côtés de SOS Racisme et de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra). «La poursuite ne tient que parce qu’on a isolé volontairement un morceau de phrase en l’extrayant d’un contexte», oppose l’avocat de Jean-Marie Le Pen, Frédéric Joachim, qui parle d’une «incommensurable malhonnêteté intellectuelle» et va plaider la relaxe.
À l’époque, il avait engagé des poursuites en diffamation contre Paris Match, qui avait qualifié cette sortie d’«antisémite» dans un article, ainsi que contre Thierry Ardisson, qui avait sous-entendu dans une émission que Jean-Marie Le Pen voulait «mettre les juifs dans les fours». Le magazine, comme l’animateur, ont été depuis relaxés.
Jean-Marie Le Pen a déjà été condamné par le passé à de multiples reprises, notamment pour avoir qualifié les chambres à gaz de «détail» de la Seconde Guerre mondiale ou avoir affirmé que l’Occupation n’aurait pas été «particulièrement inhumaine». En 1993, il s’était aussi vu infliger une amende pour son jeu de mot de 1988, «Durafour crématoire», visant le ministre Michel Durafour.
Avec AFP
Société
Afghanistan : 33 morts en trois jours dans des inondations
Au moins 33 personnes ont péri depuis vendredi dans des inondations et crues subites en Afghanistan, a annoncé dimanche un responsable du Département de la gestion des catastrophes naturelles. Une vingtaine des 34 provinces afghanes enregistre actuellement un niveau élevé de précipitations, y compris la province de Kaboul.
«D’après les premières informations, depuis vendredi, des crues subites ont provoqué de lourdes pertes humaines et financières», a déclaré le porte-parole Janan Sayeq. «Trente-trois personnes sont mortes et 27 ont été blessées». La plupart des décès sont imputables à la chute de toitures, a-t-il précisé.
Les précipitations ont par ailleurs entraîné la destruction totale ou partielle de près de 600 maisons et ont détruit 580 kilomètres de routes. Près de 800 hectares de terres agricoles ont été submergés et 200 têtes de bétail tuées, a ajouté le porte-parole.
Bouleversements climatiques
Ces inondations touchent quasiment toutes les régions en ce printemps, période traditionnelle de pluies en Afghanistan. Les prévisions pour la semaine à venir font état de davantage de pluies dans le pays, notamment dans les provinces de Kaboul ou de Ghazni (centre-est), Nangarhar (est) ou Kandahar (sud).
Quelque 60 personnes avaient été tuées après de fortes précipitations lors des trois dernières semaines de mars dans le pays. L’Afghanistan a connu un hiver très sec et est très touché par les bouleversements climatiques.
Selon les scientifiques, ce pays ravagé par quatre décennies de guerre et qui figure parmi les plus pauvres du monde, est aussi l’un des plus mal préparés pour faire face aux conséquences du changement climatique.
Avec AFP
Société
Brésil : 20 migrants haïtiens présumés retrouvés morts sur un bateau
Vingt corps qui seraient ceux de migrants haïtiens ont été retrouvés dans une embarcation sur un fleuve du nord du Brésil, dans un état de décomposition avancée et présentant des signes de déshydratation et de faim, a indiqué samedi la police.
Des pêcheurs ont alerté les autorités après avoir remarqué l’embarcation dérivant près de la ville de Braganca, sur la côte nord du Brésil, dans l’État du Para, a indiqué à l’AFP un porte-parole de la police fédérale, précisant que l’enquête devrait confirmer le nombre exact de victimes et leur identité.
«Selon la police civile et les experts médico-légaux, il y avait 20 corps. Le chef de la police fédérale de Braganca, Alexandre Calvinho, a dit qu’il s’agirait de réfugiés haïtiens», a indiqué la police dans un communiqué. Les victimes «seraient mortes de faim et de déshydratation, mais des analyses complémentaires sont nécessaires», est-il ajouté. Une enquête a été ouverte par le bureau du procureur.
«Ça fait beaucoup de cadavres»
Le site d’information G1 a publié une vidéo attribuée à l’un des pêcheurs, montrant un bateau en bois à la peinture bleu délavée flottant dans des eaux peu profondes et un homme dire: «Ça fait beaucoup de cadavres». Braganca est située à plus de 3500 km d’Haïti, en proie depuis plusieurs mois à une grave crise humanitaire et sécuritaire.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a alerté ce mois-ci que la situation provoquait un large exode. «Pour la plupart des Haïtiens, la perspective d’une migration régulière reste un obstacle insurmontable, laissant la migration irrégulière comme seul semblant d’espoir», a indiqué l’OIM ces derniers jours.
Selon l’OIM, quelques 360’000 haïtiens ont été déplacés à l’intérieur du pays, dont «un grand nombre à plusieurs reprises», et quelque 13’000 migrants illégaux ont été renvoyés de force en mars par les pays voisins.
Avec AFP