Actualités
Crimes contre l’humanité au Liberia : l’ex-rebelle Kunti Kamara condamné à la réclusion à perpétuité
L’affaire avait été lancée par la plainte déposée en juillet 2018 à Paris par l’association Civitas Maxima, qui a collecté des témoignages de victimes afin de lutter contre l’impunité au Liberia.
La cour d’assises de Paris a condamné mercredi 2 novembre l’ex-commandant rebelle Kunti Kamara à la réclusion criminelle à perpétuité pour des actes de barbarie pendant la première guerre civile au Liberia et pour s’être rendu complice de crimes contre l’humanité en facilitant des viols.
À l’issue d’un procès inédit en France, cet ancien milicien libérien de 47 ans a été reconnu coupable d’une série d’exactions contre les civils en 1993-1994, dont le supplice infligé à un instituteur dont il aurait mangé le cœur et sa passivité face aux viols répétés de deux adolescentes par des soldats placés sous son autorité.
A l’énoncé du verdict, rendu après neuf heures de délibéré, l’accusé, crâne chauve et moustache fournie, est resté impassible.
La cour a ainsi suivi les réquisitions du ministère public qui avait réclamé à son encontre la prison à vie, fustigeant des crimes ayant «porté atteinte à l’humanité tout entière». La défense avait, elle, plaidé l’acquittement sur l’ensemble des faits, dénonçant des «lacunes» dans un dossier reposant sur des témoignages anciens.
Arrêté à Bobigny en septembre 2018, M. Kamara comparaissait à Paris au titre de la «compétence universelle» exercée, sous certaines conditions, par la France pour juger les crimes les plus graves commis hors de son sol. C’est la première fois que ce mécanisme était utilisé pour des faits commis dans un autre pays que le Rwanda.
Au moment de la première guerre civile libérienne (1989-1997), Kunti Kamara faisait partie du Mouvement uni de libération pour la démocratie (Ulimo) qui luttait contre la milice rivale du redouté Charles Taylor et a fait régner la terreur dans le district de Foya (nord-ouest).
Pendant les trois semaines de procès, des plaignants et témoins venus du Liberia ont décrit d’indicibles atrocités: des habitants assassinés en ingurgitant de l’eau bouillante, le commerce de la viande humaine, des intestins utilisés en guise de checkpoints.
M. Kamara, qui avait obtenu l’asile politique aux Pays-Bas après avoir menti sur son passé, avait été arrêté en septembre 2018 à Bobigny après la plainte de l’ONG Civitas Maxima, qui lutte contre l’impunité.
Son nom avait surgi au milieu des années 2010 dans le cadre d’une procédure engagée en Suisse contre un autre cadre de l’Ulimo, Alieu Kosiah, qui a été condamné à Genève en 2021 à vingt ans de prison dans le tout premier procès des crimes de guerre libériens.
Les crimes de ce sanglant conflit, qui ont fait au total 250.000 morts, n’ont jamais été jugés au Liberia où d’anciens chefs rebelles occupent aujourd’hui de hautes fonctions dans l’appareil d’Etat.
Avec AFP
Actualités
Arabie saoudite : le roi Salmane hospitalisé pour des «examens de routine»
Le roi Salmane d’Arabie saoudite, âgé de 88 ans, a été admis à l’hôpital pour des «examens de routine», a annoncé mercredi la Cour royale, dans une rare déclaration publique sur son état de santé.
Les examens se déroulent à l’hôpital spécialisé King Faisal dans la ville côtière de Jeddah, sur la mer Rouge, et devraient durer «quelques heures», a-t-elle précisé, selon l’agence de presse officielle saoudienne (SPA).
Le roi Salmane Ben Abdel Aziz est à la tête du royaume du Golfe depuis 2015, même si le pays est dirigé au quotidien par son fils de 38 ans, Mohammed ben Salmane, nommé prince héritier en 2017. Les médias d’État ont montré mardi des images du monarque participant à un Conseil des ministres.
Rares apparitions publiques
Sa dernière hospitalisation date de mai 2022. Admis pour des examens médicaux, notamment une coloscopie, il avait passé une semaine à l’hôpital «pour se reposer», avait rapporté SPA à l’époque.
Ces dernières années, le roi Salmane s’est fait de plus en plus rare en public, alimentant les rumeurs sur son état de santé. Il a subi une opération de la vésicule biliaire en juillet 2020, et a été hospitalisé en mars 2022 pour des «tests médicaux» et pour remplacer la batterie de son stimulateur cardiaque.
Avant d’accéder au trône, le roi Salmane a été gouverneur de Ryad pendant des décennies et ministre de la Défense. Son règne a été marqué par d’importantes réformes sociales et économiques, visant à diversifier l’économie du premier exportateur de brut au monde, et portées surtout par son fils. L’ambitieux prince Mohammed a mené une vaste campagne de répression, qui l’a aidé à consolider son pouvoir, selon les analystes.
Avec AFP
Actualités
L’Argentine demande au Pakistan et au Sri Lanka d’arrêter un ministre iranien
Le gouvernement argentin a demandé mardi 23 avril au Pakistan et au Sri Lanka d’arrêter le ministre iranien de l’Intérieur Ahmad Vahidi, recherché pour l’attentat contre la mutuelle juive Amia à Buenos Aires en 1994, et qui effectue actuellement une tournée dans ces deux pays, a annoncé le ministère des Affaires étrangères.
«L’Argentine demande l’arrestation internationale des responsables de l’attentat à la bombe de 1994 contre l’Amia, qui a causé la mort de 85 personnes, et qui continuent à leurs postes de pouvoir en toute impunité», a écrit le ministère dans un communiqué, a écrit le ministère argentin des Affaires étrangères dans un communiqué.
«L’un d’entre eux est Ahmad Vahidi, réclamé par la justice argentine comme étant l’un des responsables de l’attentat contre l’Amia. Cet individu est actuellement ministre de l’Intérieur de la République islamique d’Iran et fait partie d’une délégation gouvernementale qui se rend ces jours-ci au Pakistan et au Sri Lanka», poursuit le texte.
«L’Argentine a demandé son arrestation aux gouvernements du Pakistan et du Sri Lanka conformément aux mécanismes prévus par Interpol», ajoute-t-il.
La plus grande communauté juive d’Amérique latine
Le général Vahidi est ministre de l’Intérieur depuis 2021, après avoir auparavant été ministre de la Défense. Au moment de l’attentat de Buenos Aires, il dirigeait la Force al-Qods, l’unité chargée des opérations secrètes au sein des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique du régime iranien.
L’attentat de l’Amia, le 18 juillet 1994, a été attribué par la justice argentine et par Israël au régime iranien et au mouvement chiite libanais Hezbollah. L’Iran a nié toute implication et a toujours refusé que les huit anciens responsables inculpés par la justice argentine, dont le général Vahidi et l’ex-président Ali Rasfanjani, soient interrogés.
L’Argentine compte la plus grande communauté juive d’Amérique latine, avec quelque 300.000 membres. Avant l’Amia, l’ambassade d’Israël à Buenos Aires avait été la cible en 1992 d’un attentat qui avait fait 29 morts et 200 blessés, également attribué à l’Iran par la justice argentine et qui reste lui aussi impuni.
En 2013, la présidente argentine de l’époque, Cristina Kirchner, avait signé un protocole d’accord avec l’Iran pour créer une «commission de la vérité» destinée à enquêter sur l’attentat, et permettre aux procureurs argentins de se rendre à l’étranger pour interroger les inculpés.
Cet accord a été ratifié par le Congrès argentin, mais jamais par le Parlement iranien. Il avait été fustigé par les dirigeants de la communauté juive en Argentine, qui ont accusé Cristina Kirchner de couvrir les auteurs de l’attentat. Une enquête judiciaire ouverte à ce sujet en 2015 s’est toutefois conclue par un non-lieu en 2021.
Avec AFP