Société
Au procès d’un témoin de Jéhovah, les coulisses d’un assassinat raté
Le témoin de Jéhovah avait tenté d’assassiner sa femme pendant un prétendu pique-nique romantique, qui a miraculeusement survécu.
Il pensait se faire quelques billets pour une petite magouille, il se retrouve aux assises pour une tentative d’assassinat. Au procès d’un témoin de Jéhovah soupçonné d’avoir voulu exécuter sa femme, son acolyte a chargé vendredi le principal accusé.
Accoudé à la barre, veste cintrée et oreille percée d’un anneau, Sami M., 29 ans, est la clé de voûte du dossier contre Philippe Goncalves, qui nie les faits.
Les deux hommes sont jugés depuis mardi aux assises de Seine-et-Marne pour la tentative d’assassinat de la femme du second, lors d’un pique-nique au parc, un soir de juin 2017.
«Récupérer un sac»
Homme à tout faire d’un sous-traitant de Philippe Goncalves, Sami M. et le chef d’entreprise du BTP, de dix ans son aîné, se rencontrent sur un chantier.
Frimeur vivotant de petits boulots, aimant les filles et l’argent, le jeune gars de cité n’est pas du genre à dédaigner un «petit billet».
Lorsque le témoin de Jéhovah lui propose 500 euros pour «récupérer un sac» et le faire disparaître, il accepte, sans poser de questions. Sami M., qui comparaît libre, assure mordicus qu’il ignorait tout du projet d’assassinat et ne l’avoir compris que trop tard.
Après plusieurs rendez-vous avortés, Philippe Goncalves lui demande de le retrouver un soir devant le parc de Noisiel. Le témoin de Jéhovah y a emmené son épouse pour un pique-nique romantique, officiellement destiné à recoller les morceaux dans un couple qui traverse des turbulences.
Le patron vient le chercher à l’entrée et le cache derrière un arbre dans une partie boisée du parc. Lui disant d’attendre là, il repart. Sami joue sur son téléphone pour tuer le temps. Un coup de feu éclate.
«Il revient vers moi en courant, en traversant la forêt, avec une veste sur lui, une écharpe, une chaussette sur la main gauche. Il se dépêche de se dévêtir, met les affaires dans le sac qu’il va me tendre, quand on entend le cri d’une femme», raconte Sami M.
Miraculée
À quelques mètres de là, l’épouse de Goncalves vient de recevoir une balle en pleine tête mais est vivante. Un miracle. «Elle n’est pas morte, il faut que tu la finisses!», lâche l’entrepreneur, en possession d’un pistolet. Sami réalise soudain la situation et refuse de le faire.
Alors Philippe Goncalves «réfléchit rapidement et me dit +bon bah, tire-moi dessus+. Je suis venu récupérer un sac, je me retrouve à devoir tirer sur quelqu’un!», s’exclame-t-il.
«Sous pression», il obtempère et blesse Goncalves par balle à l’épaule gauche, afin de maquiller le crime en agression. «Il n’a pas de signe de douleur extrême. Il a mal mais il reste totalement lucide. Il met la veste et l’arme dans le sac. À ce moment-là, il me donne le sac et me dit “allez, barre-toi!”»
Sami s’en débarrassera, la police ne les retrouvera jamais. Confondu par le bornage téléphonique, il est arrêté un an plus tard. En garde à vue, il passe immédiatement aux aveux.
Une version que, dans le box des accusés, Philippe Goncalves dément de bout en bout, comme depuis le début de la procédure. Dans un long monologue touffu, le témoin réaffirme que son couple a été agressé par un mystérieux tireur armé, posant l’hypothèse d’un lien avec un obscur différend avec son sous-traitant.
«Pendant longtemps, j’ai pensé qu’on voulait nous tuer. Aujourd’hui, je pense qu’on a voulu nous intimider, nous faire peur, et que ça a dégénéré», affirme d’une voix douce Philippe Goncalves, chemise à carreaux, calvitie éclaircissant le haut du crâne.
L’accusation envisage que ce dévot, tourmenté par une attirance pour les femmes, aurait voulu refaire sa vie avec une autre sans risquer l’excommunication des témoins de Jéhovah, le mouvement religieux rigoriste qui imprégnait toute sa vie. Une seule échappatoire: être veuf. Les réquisitions et le verdict sont attendus lundi.
Avec AFP
Société
Afghanistan : 33 morts en trois jours dans des inondations
Au moins 33 personnes ont péri depuis vendredi dans des inondations et crues subites en Afghanistan, a annoncé dimanche un responsable du Département de la gestion des catastrophes naturelles. Une vingtaine des 34 provinces afghanes enregistre actuellement un niveau élevé de précipitations, y compris la province de Kaboul.
«D’après les premières informations, depuis vendredi, des crues subites ont provoqué de lourdes pertes humaines et financières», a déclaré le porte-parole Janan Sayeq. «Trente-trois personnes sont mortes et 27 ont été blessées». La plupart des décès sont imputables à la chute de toitures, a-t-il précisé.
Les précipitations ont par ailleurs entraîné la destruction totale ou partielle de près de 600 maisons et ont détruit 580 kilomètres de routes. Près de 800 hectares de terres agricoles ont été submergés et 200 têtes de bétail tuées, a ajouté le porte-parole.
Bouleversements climatiques
Ces inondations touchent quasiment toutes les régions en ce printemps, période traditionnelle de pluies en Afghanistan. Les prévisions pour la semaine à venir font état de davantage de pluies dans le pays, notamment dans les provinces de Kaboul ou de Ghazni (centre-est), Nangarhar (est) ou Kandahar (sud).
Quelque 60 personnes avaient été tuées après de fortes précipitations lors des trois dernières semaines de mars dans le pays. L’Afghanistan a connu un hiver très sec et est très touché par les bouleversements climatiques.
Selon les scientifiques, ce pays ravagé par quatre décennies de guerre et qui figure parmi les plus pauvres du monde, est aussi l’un des plus mal préparés pour faire face aux conséquences du changement climatique.
Avec AFP
Société
Brésil : 20 migrants haïtiens présumés retrouvés morts sur un bateau
Vingt corps qui seraient ceux de migrants haïtiens ont été retrouvés dans une embarcation sur un fleuve du nord du Brésil, dans un état de décomposition avancée et présentant des signes de déshydratation et de faim, a indiqué samedi la police.
Des pêcheurs ont alerté les autorités après avoir remarqué l’embarcation dérivant près de la ville de Braganca, sur la côte nord du Brésil, dans l’État du Para, a indiqué à l’AFP un porte-parole de la police fédérale, précisant que l’enquête devrait confirmer le nombre exact de victimes et leur identité.
«Selon la police civile et les experts médico-légaux, il y avait 20 corps. Le chef de la police fédérale de Braganca, Alexandre Calvinho, a dit qu’il s’agirait de réfugiés haïtiens», a indiqué la police dans un communiqué. Les victimes «seraient mortes de faim et de déshydratation, mais des analyses complémentaires sont nécessaires», est-il ajouté. Une enquête a été ouverte par le bureau du procureur.
«Ça fait beaucoup de cadavres»
Le site d’information G1 a publié une vidéo attribuée à l’un des pêcheurs, montrant un bateau en bois à la peinture bleu délavée flottant dans des eaux peu profondes et un homme dire: «Ça fait beaucoup de cadavres». Braganca est située à plus de 3500 km d’Haïti, en proie depuis plusieurs mois à une grave crise humanitaire et sécuritaire.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a alerté ce mois-ci que la situation provoquait un large exode. «Pour la plupart des Haïtiens, la perspective d’une migration régulière reste un obstacle insurmontable, laissant la migration irrégulière comme seul semblant d’espoir», a indiqué l’OIM ces derniers jours.
Selon l’OIM, quelques 360’000 haïtiens ont été déplacés à l’intérieur du pays, dont «un grand nombre à plusieurs reprises», et quelque 13’000 migrants illégaux ont été renvoyés de force en mars par les pays voisins.
Avec AFP