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À San Francisco, une polémique enfle autour d’un vaste plan de «réparation» du racisme systémique

San Francisco a été mercredi 15 mars le théâtre d’une vive polémique, après la présentation devant le conseil municipal d’un plan de «réparations» pour compenser l’héritage du racisme systémique, qui propose d’attribuer cinq millions de dollars à chaque Afro-Américain de la ville.
Discuté lors d’une réunion publique mardi 14 mars au soir, ce plan a été réalisé par une commission chargée par la ville de faire des propositions afin de corriger les inégalités subies par les Afro-Américains aux États-Unis depuis l’esclavage.
Revenu annuel minimum
«Les vies noires comptent. Vous avez l’occasion de le démontrer aujourd’hui, faites-le avec des réparations», a déclaré mardi devant le conseil municipal Yulanda Williams, une policière noire qui milite en faveur d’une réforme des forces de l’ordre.
Outre sa mesure phare, il contient une centaine de recommandations et propose par exemple de garantir un revenu annuel minimum de presque 100.000 dollars pendant 250 ans pour chaque adulte noir éligible, une maison à San Francisco pour un dollar par famille ou d’annuler les dettes des bénéficiaires.
Ses opposants dénoncent un projet «absurde». «Ce n’est pas du tout sérieux et en plus d’être une énorme perte de temps, c’est aussi une distraction complète», a déclaré à l’AFP le chef du Parti républicain à San Francisco, John Dennis. «Le budget (annuel) de la ville est de 14 milliards de dollars», a-t-il rappelé, en estimant le coût de ce plan à «50 milliards».
L’idée de réparations contre le racisme systémique a le vent en poupe au sein de la gauche américaine, face aux études qui montrent que les politiques publiques américaines ont augmenté pendant des décennies les probabilités de la population afro-américaine d’être pauvre, au chômage ou en prison.
«Black Lives Matter»
Après le mouvement «Black Lives Matter» en 2020, la Californie, s’est dotée d’une commission sur le sujet, dont on attend toujours le rapport. Plusieurs villes ont fait de même.
En 2021, la municipalité d’Evanston, près de Chicago, est devenue la première ville américaine à adopter un plan de réparations, attribuant notamment des aides financières à ses habitants Afro-américains pour rénover leur logement. Mais le plan envisagé par San Francisco est de loin le plus ambitieux.
La ville compte plusieurs dizaines de milliers d’habitants Afro-américains, et les critères d’éligibilité restent à déterminer. Un rapport final doit être remis en juin, et le conseil municipal devra ensuite se prononcer.
Les militants des droits civiques appellent eux à ne pas réduire ce projet à une seule mesure. «Reléguer cette question à une lutte pour 5 millions de dollars, c’est incorrect et malhonnête», a estimé auprès de l’AFP Amos Brown de l’association NAACP.
«Cela ne montre pas toute la terreur et la douleur que nous avons subies. Ma position est que pour tout ce que nous avons enduré, il s’agit de 5 millions de dollars plus des programmes spécifiques» pour soutenir le développement économique, le logement, la santé et l’éducation, a-t-il ajouté.
Avec AFP

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Retraites : les députés MoDem, membres de la majorité, favorables à la médiation proposée par Laurent Berger

Cette solution de médiation, demandée par le leader de la CFDT, a pour l’heure été refusée par le gouvernement alors que la 10e journée de mobilisation contre la réforme des retraites aura valeur de test.
Les députés MoDem, membres de la majorité présidentielle, sont favorables à la mise en place d’une médiation autour de la réforme des retraites, comme le propose le leader de la CFDT Laurent Berger, ont-ils annoncé mardi, à rebours du gouvernement.
«C’est bien d’avoir une ou deux personnes pour essayer de retrouver le dialogue et avoir un certain recul», a souligné le président de groupe centriste Jean-Paul Mattei, lors d’un point presse à l’Assemblée.
«Un médiateur ne s’immisce pas dans le fond, il est là pour retrouver du liant et arriver à se parler, c’est ça qui est important. Il faut quelqu’un qui ne soit pas impliqué» directement sur la réforme, a insisté ce proche de François Bayrou.
Recentrer le texte
«Nous appelons de nos vœux et encourageons une médiation, si elle est possible», a ajouté son collègue Philippe Vigier, qui veut insister sur la «clause de revoyure» de la réforme en 2027 permettant de faire un point d’étape.
Opposé à la réforme des retraites, le numéro un de la CFDT Laurent Berger a appelé mardi l’exécutif à mettre en place une «médiation» pour «trouver une voie de sortie» à la crise sociale, une demande qui fera l’objet d’un courrier de l’intersyndicale au président de la République. Mais l’exécutif a opposé une fin de non-recevoir.
«Nous saisissons la proposition de Laurent Berger de se parler, mais directement. Nul besoin de médiation», a répondu le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, durant le compte rendu du Conseil des ministres organisé lors de la 10e journée d’actions contre la réforme, à l’appel des syndicats.
Dans la majorité présidentielle également, le président du groupe Horizons Laurent Marcangeli lui «ne voit pas l’intérêt de désigner une tierce personne pour organiser ce dialogue».
Au MoDem, au-delà de cette question de la médiation, Jean-Paul Mattei «espère que cette législature ne va pas s’arrêter avec cette réforme des retraites. Nous souhaitons rebondir et nous recentrer sur des textes importants pour notre société», a-t-il réclamé.
«Ca peut être sur le bien vieillir, le partage de la valeur, le logement, l’environnement et l’industrie verte», a-t-il énuméré, en voulant «apporter notre pierre à une forme de rebond qui me semble nécessaire à la vie du Parlement».
Avec AFP
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Hong Kong : l’ONU demande la libération d’un éminent défenseur des droits

L’ONU a appelé mardi les autorités hongkongaises à libérer l’un des plus éminents défenseurs des droits humains de la ville, Albert Ho, arrêté la semaine dernière et dont l’état de santé est «critique».
«Nous suivons avec beaucoup d’inquiétude les affaires en cours relatives en lien avec la loi sur la sécurité nationale» à Hong Kong, a indiqué le Bureau des droits de l’Homme de l’ONU dans un tweet.
«Incitation à la subversion»
«Il y a une semaine, Albert Ho a été remis en détention en vertu de cette loi, malgré son état de santé critique. Nous demandons instamment aux autorités de libérer Ho, afin qu’il puisse continuer à recevoir des soins médicaux urgents», a-t-il ajouté.
Albert Ho a été arrêté le 21 mars par la police de la ville pour subornation présumée de témoins. Il risque déjà jusqu’à dix ans de prison pour «incitation à la subversion» en vertu de la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin à Hong Kong en 2020 après des manifestations pro-démocratie parfois violentes dans la ville.
Il est cette fois accusé d’avoir «interféré avec des témoins» alors qu’il se trouvait en liberté sous caution, selon une source policière, qui a requis l’anonymat en raison de la sensibilité de l’affaire.
Son procès pour incitation à la subversion est en cours, et Albert Ho avait été relâché sous caution en août après avoir passé presque un an en prison.
Les conditions de cette remise en liberté comprennent notamment l’interdiction de tenir des propos représentant une menace pour la sécurité nationale.
L’avocat de 71 ans a par le passé dirigé l’Alliance de Hong Kong, un groupe depuis dissout qui a organisé pendant plus de 30 ans des veillées annuelles pour commémorer la répression meurtrière de la place Tiananmen en 1989.
Avec AFP