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À 102 ans, le traducteur iranien de Montaigne et Flaubert est décoré par la France
Le centenaire a reçu à son domicile l’ambassadeur de France en Iran, Nicolas Roche, qui l’a élevé au rang de Commandeur dans l’ordre des Palmes académiques.
Il a fait découvrir aux Iraniens Montaigne, Rousseau, Flaubert ou encore Perec… À 102 ans, Ahmad Samii Guilani vient d’être distingué par la France après une longue vie consacrée à traduire les plus grands écrivains francophones.
Bon pied bon œil, le regard pétillant, le centenaire a reçu mardi à son domicile l’ambassadeur de France en Iran, Nicolas Roche, qui l’a élevé au rang de Commandeur dans l’ordre des Palmes académiques.
Soit la plus haute distinction de cet ordre institué par Napoléon en 1808 pour récompenser les «personnalités éminentes qui apportent une contribution exceptionnelle à l’enrichissement du patrimoine culturel».
Né le 31 janvier 1921, Ahmad Samii Guilani n’était pas du tout destiné à devenir un intellectuel et traducteur reconnu en Iran. Peu avant sa naissance, sa famille quitte la province de Guilan, dans le nord de l’Iran, pour fuir l’avancée des communistes russes qui étaient sur le point d’entrer dans sa ville de Rasht.
«La rumeur disait que les Bolcheviks allaient s’en prendre aux femmes, alors notre famille s’est temporairement installée à Téhéran où je suis né», raconte-t-il à l’AFP.
Enfant, c’est avec le français qu’il «prend goût» à la littérature grâce à son frère aîné qui maîtrise la langue. «Quand j’avais dix ans, il a proposé de m’apprendre le français pendant les vacances d’été. Durant deux mois, il m’a transmis tout ce qu’il savait», se rappelle-t-il.
Le jeune Ahmad approfondit ses connaissances à l’école primaire à Rasht, où le français est enseigné comme première langue étrangère. Puis il découvre au lycée les romanciers et poètes les plus lus, de Rabelais à Anatole France.
Âge d’or du français en Iran
À cette époque, «la littérature étrangère dominante était la Française. C’est grâce à elle que j’ai découvert celle de mon pays que je connaissais mal», se souvient Ahmad.
Durant les vacances d’été, le jeune homme dévore tous les livres sur lesquels il peut mettre la main, comme Les Aventures de Télémaque de Fénelon, les Fables de La Fontaine, L’Avare de Molière ou les œuvres de Chateaubriand.
«À cette époque, il n’existait pas de dictionnaire français-persan. Il fallait que je devine si tel mot avait un sens positif ou négatif», se souvient-il.
Devenu étudiant à Téhéran, il se spécialise en littérature persane et complète des études en français avant de se lancer dans la traduction. Sa première œuvre traduite, Les Étoiles, un conte d’Alphonse Daudet, est publiée dans le magazine de la police.
«Je pensais que la police n’avait rien à voir avec la littérature, mais le colonel en charge de la revue s’y intéressait et y publiait des œuvres», dit-il en riant.
À partir des années 1950, il multiplie les traductions, sa préférée étant Salammbô , le roman «oriental» de Gustave Flaubert. «Dans la littérature persane, l’être aimé est un être abstrait, alors qu’en français il est décrit en détail, tant au niveau de sa personnalité que de son apparence», fait remarquer Ahmad.
À l’époque du Chah, avant l’instauration de la République islamique en 1979, les librairies de Téhéran regorgeaient d’ouvrages en français, notamment en format de poche. Un âge d’or depuis longtemps révolu, l’apprentissage du français étant devenu facultatif même s’il reste assez populaire.
«Aujourd’hui, les lecteurs anglophones sont beaucoup plus nombreux car l’anglais est la clé qui ouvre toutes les portes», se désole-t-il. Signe de cette évolution, aucun de ses enfants ne maîtrise la langue française.
«Ma fille est professeure d’anglais et mon petit-fils travaille dans une université anglophone en Allemagne». Lui-même dit avoir sensiblement perdu l’usage du français, faute d’interlocuteurs. «Le langage est éphémère: si vous ne le pratiquez pas, il vous oublie».
Avec AFP
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Arabie saoudite : le roi Salmane hospitalisé pour des «examens de routine»
Le roi Salmane d’Arabie saoudite, âgé de 88 ans, a été admis à l’hôpital pour des «examens de routine», a annoncé mercredi la Cour royale, dans une rare déclaration publique sur son état de santé.
Les examens se déroulent à l’hôpital spécialisé King Faisal dans la ville côtière de Jeddah, sur la mer Rouge, et devraient durer «quelques heures», a-t-elle précisé, selon l’agence de presse officielle saoudienne (SPA).
Le roi Salmane Ben Abdel Aziz est à la tête du royaume du Golfe depuis 2015, même si le pays est dirigé au quotidien par son fils de 38 ans, Mohammed ben Salmane, nommé prince héritier en 2017. Les médias d’État ont montré mardi des images du monarque participant à un Conseil des ministres.
Rares apparitions publiques
Sa dernière hospitalisation date de mai 2022. Admis pour des examens médicaux, notamment une coloscopie, il avait passé une semaine à l’hôpital «pour se reposer», avait rapporté SPA à l’époque.
Ces dernières années, le roi Salmane s’est fait de plus en plus rare en public, alimentant les rumeurs sur son état de santé. Il a subi une opération de la vésicule biliaire en juillet 2020, et a été hospitalisé en mars 2022 pour des «tests médicaux» et pour remplacer la batterie de son stimulateur cardiaque.
Avant d’accéder au trône, le roi Salmane a été gouverneur de Ryad pendant des décennies et ministre de la Défense. Son règne a été marqué par d’importantes réformes sociales et économiques, visant à diversifier l’économie du premier exportateur de brut au monde, et portées surtout par son fils. L’ambitieux prince Mohammed a mené une vaste campagne de répression, qui l’a aidé à consolider son pouvoir, selon les analystes.
Avec AFP
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L’Argentine demande au Pakistan et au Sri Lanka d’arrêter un ministre iranien
Le gouvernement argentin a demandé mardi 23 avril au Pakistan et au Sri Lanka d’arrêter le ministre iranien de l’Intérieur Ahmad Vahidi, recherché pour l’attentat contre la mutuelle juive Amia à Buenos Aires en 1994, et qui effectue actuellement une tournée dans ces deux pays, a annoncé le ministère des Affaires étrangères.
«L’Argentine demande l’arrestation internationale des responsables de l’attentat à la bombe de 1994 contre l’Amia, qui a causé la mort de 85 personnes, et qui continuent à leurs postes de pouvoir en toute impunité», a écrit le ministère dans un communiqué, a écrit le ministère argentin des Affaires étrangères dans un communiqué.
«L’un d’entre eux est Ahmad Vahidi, réclamé par la justice argentine comme étant l’un des responsables de l’attentat contre l’Amia. Cet individu est actuellement ministre de l’Intérieur de la République islamique d’Iran et fait partie d’une délégation gouvernementale qui se rend ces jours-ci au Pakistan et au Sri Lanka», poursuit le texte.
«L’Argentine a demandé son arrestation aux gouvernements du Pakistan et du Sri Lanka conformément aux mécanismes prévus par Interpol», ajoute-t-il.
La plus grande communauté juive d’Amérique latine
Le général Vahidi est ministre de l’Intérieur depuis 2021, après avoir auparavant été ministre de la Défense. Au moment de l’attentat de Buenos Aires, il dirigeait la Force al-Qods, l’unité chargée des opérations secrètes au sein des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique du régime iranien.
L’attentat de l’Amia, le 18 juillet 1994, a été attribué par la justice argentine et par Israël au régime iranien et au mouvement chiite libanais Hezbollah. L’Iran a nié toute implication et a toujours refusé que les huit anciens responsables inculpés par la justice argentine, dont le général Vahidi et l’ex-président Ali Rasfanjani, soient interrogés.
L’Argentine compte la plus grande communauté juive d’Amérique latine, avec quelque 300.000 membres. Avant l’Amia, l’ambassade d’Israël à Buenos Aires avait été la cible en 1992 d’un attentat qui avait fait 29 morts et 200 blessés, également attribué à l’Iran par la justice argentine et qui reste lui aussi impuni.
En 2013, la présidente argentine de l’époque, Cristina Kirchner, avait signé un protocole d’accord avec l’Iran pour créer une «commission de la vérité» destinée à enquêter sur l’attentat, et permettre aux procureurs argentins de se rendre à l’étranger pour interroger les inculpés.
Cet accord a été ratifié par le Congrès argentin, mais jamais par le Parlement iranien. Il avait été fustigé par les dirigeants de la communauté juive en Argentine, qui ont accusé Cristina Kirchner de couvrir les auteurs de l’attentat. Une enquête judiciaire ouverte à ce sujet en 2015 s’est toutefois conclue par un non-lieu en 2021.
Avec AFP